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A New Delhi, les enfants prives d’ecole grands perdants de la saison de la pollution

novembre 22, 2024

Une couverture ouverte a tous les vents en guise de toit et un telephone bas-de-gamme pour seul lien avec son enseignante… Depuis la fermeture de son ecole de New Delhi pour cause de grave pollution atmospherique, Harshita n’est pas a la fete.

« Je n’aime pas la classe en ligne », rouspete la fillette de 9 ans, en se cassant les yeux sur le minuscule ecran du portable. « J’aime aller a l’ecole et jouer dehors. Mais ma mere m’a dit qu’il y avait trop de pollution et que je devais rester a la maison ».

Comme elle, pres de 2 millions d’eleves ou etudiants de la capitale indienne sont prives de salle de classe depuis une semaine.

Le plan d’urgence etabli par la municipalite prevoit a la place des cours en ligne.

Mais, faute de moyens, l’education est avec la sante la principale victime de la saison de la pollution qui sevit chaque hiver a Delhi. Specialement celle dispensee aux eleves les plus demunis.

Harshita Gautam, 9 ans, assiste a un cours en ligne sur un telephone portable depuis chez elle, a New Delhi, en Inde, le 22 novembre 2024  (AFP - Arun SANKAR)
Harshita Gautam, 9 ans, assiste a un cours en ligne sur un telephone portable depuis chez elle, a New Delhi, en Inde, le 22 novembre 2024 (AFP – Arun SANKAR)

Pour Harshita, la lecon du jour a pris des allures de calvaire. Sur le lit pliant qui lui sert de chaise, elle tend l’oreille pour capter les bribes de consignes de sa maitresse qui lui parviennent au gre des variations du reseau.

Ses parents font vivre leur fille unique avec des revenus fameliques. Lui vend de la nourriture dans la rue, elle est femme de menage.

Aucun ne peut se permettre de rester a la maison pour lui faire la classe, encore moins d’acheter un purificateur d’air pour la proteger de l’air pollue quand elle n’est pas en classe.

Et comme si cela ne suffisait pas, il faut egalement la faire manger a midi. Son ecole publique lui offre chaque jour un dejeuner gratuit.

« Quand elle est a l’ecole, je n’ai pas a m’occuper de ses etudes ou de son alimentation », dit sa mere, Maya Devi. « A la maison, elle a du mal a se concentrer », ajoute-t-elle. « Pourquoi nos enfants devraient souffrir ? Il y a bien des solutions, non ? »

– « Jouer dans la rue » –

Harshita Gautam et sa mere Maya Devi, dans leur bidonville a New Delhi, en Inde, le 22 novembre 2024 (AFP - Arun SANKAR)
Harshita Gautam et sa mere Maya Devi, dans leur bidonville a New Delhi, en Inde, le 22 novembre 2024 (AFP – Arun SANKAR)

New Delhi arrive regulierement en tete du classement des villes les plus polluees de la planete.

Aux fumees toxiques des industries et des vehicules dans laquelle la megapole baigne toute l’annee s’ajoute, des le debut de l’hiver, celle des brulis agricoles pratiques dans les regions voisines.

Les temperatures plus froides et les vents plus faibles enferment la ville dans un brouillard ou la concentration en microparticules nocives depasse – jusqu’a 60 fois cette annee – les seuils toleres par l’Organisation mondiale de la sante (OMS).

La pollution est responsable de milliers de deces prematures chaque annee a Delhi, des suites de maladies cardiaques, respiratoires ou de cancers.

Une etude publiee dans la revue medicale The Lancet a attribue a la mauvaise qualite de l’air la mort de 1,67 million d’Indiens en 2019.

Modestes et desordonnees, les mesures adoptees jusque-la par la municipalite pour proteger la sante de ses habitants n’ont eu que peu d’effet. Notamment sur les plus jeunes d’entre eux.

Pres d’un tiers des enfants d’age scolaire de la capitale indienne souffraient d’asthme ou de difficultes respiratoires, selon une etude publiee en 2021 par le journal medical Lung India.

Une professeure donne un cours en ligne au Swami Sivananda Memorial Institute a New Delhi, en Inde, le 22 novembre 2024 (AFP - Arun SANKAR)
Une professeure donne un cours en ligne au Swami Sivananda Memorial Institute a New Delhi, en Inde, le 22 novembre 2024 (AFP – Arun SANKAR)

Directrice de la Swami Sivananda Memorial School, une ONG specialisee dans l’education des enfants pauvres, Sunita Bhasin note que le nombre de jours de fermeture des ecoles de la capitale pour cause de pollution augmente chaque annee.

« C’est facile pour le gouvernement de publier une directive generale de fermeture des ecoles, mais la suspension brutale des cours provoque de nombreuses perturbations », releve-t-elle.

Et Mme Bhasin d’ajouter que, de toute facon, de nombreux enfants de Delhi respirent le meme air empoisonne a la maison qu’a l’ecole. « Il n’ont pas de place chez eux, alors ils vont jouer dans la rue… »

xabh/pa/mdv

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