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Allergies alimentaires : la grenouille pourrait nous aider

février 17, 2025

Les grenouilles pourraient nous aider à combattre les allergies alimentaires. L’étude des capteurs d’amertume des amphibiens pourrait jouer un rôle dans la compréhension des mécanismes derrière les allergies alimentaires et ainsi aider à développer un traitement pour guérir totalement de celles-ci, selon une étude réalisée par des chercheurs de la Northeastern University (États-Unis) et publiée dans la revue Plos Genetics.

Les grenouilles, à l’image des humains, possèdent différents récepteurs de goût. Elles peuvent ainsi ressentir le salé, le sucré, l’acide, l’amertume ou encore l’umami. Différents capteurs leur permettent donc d’identifier si un aliment est nutritif ou s’il pourrait contenir des toxines et donc leur être dangereux. Dans cette étude, ce sont les récepteurs d’amertume qui ont intéressé les chercheurs américains. « Les grenouilles possèdent jusqu’à dix fois plus de capteurs d’amertume que les humains », explique à Sciences et Avenir Jing-Ke Weng, co-auteur de l’étude.

En effet, certaines espèces d’amphibiens possèdent jusqu’à environ 250 capteurs d’amertume, appelés TAS2Rs, répartis un peu partout dans leur corps, de la langue à la peau en passant par certains organes tels que le foie. C’est notamment le cas de la grenouille des bois (Lithobates sylvaticus) ayant 248 TAS2Rs, contre 25 seulement chez l’humain, principalement au niveau de la bouche, mais présents également, en moindre quantité, dans l’intestin, le foie ou encore le cerveau.

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Les TAS2Rs signalent au corps les aliments dangereux

Les amphibiens constituent donc une très grande ressource pour étudier l’action et le rôle des TAS2Rs. Ils ont évolué dans des environnements les ayant obligés de développer un grand nombre de capteurs d’amertumes afin d’éviter de se nourrir d’insectes ou de plantes potentiellement dangereux pour eux. L’humain a évolué de la même manière, « c’est d’ailleurs pour cela que nous avons le réflexe de sentir notre nourriture si elle nous paraît suspecte, afin de repérer un potentiel danger », explique le professeur Jing-Ke Weng.

Ainsi, les TAS2Rs, une fois en contact avec un aliment dangereux, servent à le signaler au reste du corps, mettant en marche une réponse comportementale et une réponse du système immunitaire qui va alors tout mettre en place pour évacuer les toxines, « notamment via des vomissements ou encore des diarrhées », précise le chercheur. Afin de mieux comprendre ce mécanisme, il explique que, dans le cas d’une allergie alimentaire, « les molécules contenues par l’aliment dont nous sommes allergiques ne sont pas absorbées par le corps quand elles se trouvent dans l’estomac et arrivent donc dans l’intestin, là où le processus allergique se déclare ».

L’allergie alimentaire, une réaction anormale du système immunitaire

Une allergie alimentaire est une réaction anormale du système immunitaire, apparaissant après l’ingestion d’un aliment en particulier. L’allergie alimentaire peut se traduire par des démangeaisons, des poussées d’urticaires localisées, voire généralisées, ou encore des douleurs abdominales, des vomissements ou des diarrhées. D’après l’OMS, environ 220 millions de personnes souffrent d’allergie alimentaire à travers le monde.

Cependant, ces capteurs d’amertume pourraient avoir un autre rôle. En effet, ils pourraient affecter l’apparition d’une allergie alimentaire. Pourtant, d’après le chercheur, « on ne comprend pas encore exactement le rôle qu’ont les TAS2Rs dans le développement d’une allergie ». Pour mieux comprendre les mécanismes derrière les allergies alimentaires, et pourquoi pas, pouvoir les guérir un jour, les scientifiques se penchent donc sur les TAS2Rs des batraciens, en possédant une très grande réserve.

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De futurs traitements guérissant les allergies

L’étude de ces récepteurs d’amertume pourrait donc « nous amener à comprendre leur rôle dans l’apparition d’une allergie alimentaire », précise Jing-Ke Weng, et permettre une meilleure identification des molécules exactes que le corps rejette, selon les différentes allergies. Cette connaissance précise est cruciale dans la création d’un traitement réellement efficace contre les allergies alimentaires. Le chercheur avance, par ailleurs, que d’autres études et recherches sont en cours pour mettre au point des vaccins et des thérapies permettant de guérir complètement d’une allergie alimentaire. En effet, aujourd’hui, « les thérapies existantes permettent de désensibiliser le corps à l’aliment, mais pas de guérir de l’allergie ; dès que le traitement est interrompu, l’allergie revient tôt ou tard », explique-t-il.

Toutefois, de nombreuses autres études et recherches restent à faire afin de développer un traitement totalement efficace contre les allergies alimentaires. C’est pourquoi, l’étude approfondie de ces récepteurs d’amertume, TAS2Rs, est nécessaire, afin d’avoir une meilleure vue d’ensemble sur les substances rejetées par le corps des patients, et pouvoir créer un traitement adapté à chaque molécule allergène et à chaque type d’allergie alimentaire.

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