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Boissons sans alcool: une demande qui decolle

janvier 1, 2025

« Une super alternative ». Pour relever le « defi de janvier » (« dry January ») ou par simple curiosite, de plus en plus de Francais sont tentes par les boissons sans alcool.

A Strasbourg, les clients se succedent au « Cactus de Barnabe », ouvert il y a deux mois dans le centre-ville. Cette boutique de boissons sans alcool est la premiere du genre dans la capitale alsacienne.

Mathilde Paye, 31 ans, est venue acheter une bouteille de vin desalcoolise.

« C’est une super alternative pour les femmes enceintes. Je l’achete pour une amie qui passe la soiree avec moi », explique la jeune femme. Elle avait deja ete seduite par un blanc « dont le gout s’approchait vraiment du sauvignon ».

Marie-Louise, 79 ans, recherche quant a elle « le sans alcool et le sans sucre ». Apres avoir goute une boisson a base de grand cru de the blanc « tres appreciee en famille » et un whisky qu’elle a « moins aime », elle a cette fois jete son devolu sur du petillant.

Une autre cliente, agee de 64 ans, confie qu’elle evite l’alcool car elle est sous traitement medical.

La clientele est « tres diversifiee », decrit Yasmina Khouaidjia, qui a ouvert « Le cactus de Barnabe » en octobre. Elle y propose entre autres des bouteilles de vin vendues generalement entre 10 et 30 euros.

« On a des jeunes, des moins jeunes, des femmes enceintes, des meres allaitantes, des personnes qui veulent +faire un break+, des personnes qui continuent de boire de l’alcool, mais qui cherchent des (options) alternatives, des personnes qui sont juste curieuses… », enumere-t-elle.

– Recherche d’alternatives –

Cet engouement pour le « No/low » (boissons sans alcool ou avec peu d’alcool) « est ne aux Etats-Unis il y a une dizaine d’annees, est arrive par l’Europe du Nord, notamment par l’Angleterre », raconte Yasmina Khouaidjia.

Selon ISWR, fournisseur mondial de donnees et d’informations sur les boissons, la France a enregistre en 2022 la plus forte progression de nouveaux buveurs de boissons non ou peu alcoolisees parmi les pays occidentaux (+25%), majoritairement issus de la generation des « Millennials » (nes dans les annees 1980-1990).

« C’est un des rares marches autour du vin qui est en croissance et donc les vignerons s’y interessent », remarque Frederic Chouquet-Stringer, fondateur de Zenotheque, qui commercialise des vins sans alcool.

Plus ancienne cave cooperative de France (1895), la Cave de Ribeauville, sur la route des vins d’Alsace, a saute le pas en 2021 en commencant a commercialiser deux vins desalcoolises, qui contiennent moins de 0,5% d’alcool: un vin tranquille, assemblage de muscat et de sylvaner bio, et un effervescent.

Quelque 35.000 bouteilles sont vendues chaque annee.

« Ca a apporte une clientele differente, en plus de la clientele deja existante, qui n’est pas completement hermetique a ce genre de choses », se felicite son directeur general David Jaegle.

Frederic Chouquet-Stringer releve aussi que des chefs, « en particulier dans la haute gastronomie, se rendent compte que vendre des menus a quelques centaines d’euros avec six vins differents, a midi, ca devient complique, que les gens font attention a ce qu’ils boivent et que le consommateur attend des [propositions] alternatives ».

– Questionner sa consommation –

« Le Paon qui boit » a Paris, « La Cave parallele » a Nantes, « Karsk Spirits » a Lyon… Une vingtaine de « caves sans alcool » existent aujourd’hui un peu partout en France.

En 2024, 28% des Francais declaraient consommer des boissons « No/Low », dont 41% des 26-35 ans (+5 points par rapport a 2023), selon le barometre SOWINE.

« Apres le Covid et les confinements, pas mal de gens ont commence a questionner leur consommation d’alcool », selon Yasmina Khouaidjia.

« Le mouvement MeToo est aussi venu appuyer fortement cette tendance, notamment en France. Il y a des comportements que les femmes n’acceptent plus, et elles ont bien raison, et qui malheureusement etaient souvent induits par une trop forte consommation d’alcool », ajoute-t-elle.

A Strasbourg, Marie Marchal, libraire de 34 ans, avait au depart pousse la porte du Cactus de Barnabe en voisine, « par curiosite ».

Resultat, « je n’ai pas bu d’alcool depuis un mois et demi », constate-t-elle, ajoutant: « ce n’est pas plus mal: on se sent mieux le lendemain ».

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