budget-de-la-securite-sociale:-les-pistes-pour-un-serrage-de-vis

Budget de la Securite sociale: les pistes pour un serrage de vis

octobre 10, 2024

Comptes dans le rouge, economies en vue: le budget de la Securite sociale (PLFSS) qui doit etre presente jeudi n’echappera pas a l’effort de reduction du deficit public voulu par le gouvernement Barnier.

Voici quelques chiffres et pistes d’economies ou de recettes supplementaires qui ont filtre jusqu’a maintenant.

– Deficit incontrolable

Tire par l’inflation, le deficit de la Secu derape: en juin, la Commission des comptes de la Securite sociale a estime qu’il s’etablirait a 16,6 milliards d’euros en 2024, contre 10,5 initialement programmes dans le budget adopte l’an dernier.

L’ardoise devrait encore s’alourdir. Ce sera « un peu moins bien », a avance la semaine derniere, lors d’une audition au Senat, le directeur de la Securite sociale Pierre Pribile.

Selon Les Echos, sans mesures d’economies, le deficit pourrait meme approcher 25 milliards en 2025.

Le gouvernement prevoit donc un tour de vis drastique, comme pour le budget de l’Etat et des collectivites locales. Selon les indications qu’il a fournies la semaine derniere, la Securite sociale devra trouver environ 13 milliards d’euros d’economies l’an prochain, soit un tiers des 40 milliards annoncees pour l’ensemble de la sphere publique.

– Retraites

Pour economiser 4 milliards d’euros, le gouvernement a annonce qu’il reporterait de six mois la revalorisation des retraites, qui augmentent habituellement en janvier en fonction de l’inflation. Mais devant l’opposition forte des parlementaires, notamment du RN, Matignon s’est dit vendredi « ouvert » a d’autres solutions.

Arrests

Les arrets de travail sont dans le viseur. Les depenses liees, en forte hausse, pourraient « depasser 17 milliards d’euros » en fin d’annee, selon le directeur de l’Assurance maladie, qui a recemment appele a transformer le systeme.

La Cour des comptes a propose en mai d’etendre le « delai de carence » (trois premiers jours d’arret non rembourses par l’Assurance maladie, souvent compenses par les entreprises).

Selon Les Echos, le gouvernement envisage plutot d’abaisser le plafond d’indemnisation.

Aujourd’hui, l’Assurance maladie verse, a partir du 4e jour d’arret, une indemnite equivalente a 50% du salaire journalier, dans la limite d’un plafond de 1,8 Smic, que le gouvernement voudrait faire passer a 1,4 Smic, pour economiser quelques 600 millions d’euros.

Cotisations

Selon un projet presente aux organisations syndicales, le gouvernement voudrait repartir differemment les allegements de cotisations patronales, aujourd’hui fortement concentres au niveau du Smic, pour que les salaries les moins bien payes puissent etre augmentes plus facilement.

En outre, le nouveau cocktail d’allegements s’arreterait a 3 Smic, contre 3,5 Smic aujourd’hui. La reforme permettrait d’engranger quelque 5 milliards d’euros par an sur trois ans.

Consultations médicales

D’apres Les Echos, le gouvernement reflechit aussi a faire baisser la part de l’Assurance maladie dans le remboursement des consultations chez le medecin, en augmentant celle des complementaires sante, ce qui devrait par ricochet faire augmenter les tarifs des complementaires.

Le ministere de la Sante n’a pas voulu confirmer l’information a ce stade. Les complementaires estiment ce transfert de charges a 1 milliard d’euros.

– Nouvelles depenses

La chasse aux economies est d’autant plus difficile que de nouvelles depenses sont programmees.

Un accord conclu en juin entre la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) et les syndicats de medecins liberaux a prevu diverses revalorisations des tarifs des consultations, avec une entree en vigueur echelonnee, entre decembre 2024 et 2026, soit des depenses supplementaires de 1,6 milliard d’euros a terme.

L’addition pourrait toutefois etre minoree par les engagements pris par les medecins en matiere de « pertinence » et donc de reduction des prescriptions: medicaments, arrets maladie, transports sanitaires ou actes d’imagerie et de biologie.

L’Assurance maladie espere aussi economiser 420 millions d’euros via la lutte contre la fraude. Elle voudrait aussi reduire les hospitalisations evitables et limiter le gaspillage des produits de sante.

Le ministre de l’Industrie a lui prevenu les industriels du medicament: des « efforts » et « arbitrages difficiles » seront necessaires, notamment sur les prix.

– Hopitaux en deficit

Les hopitaux et les etablissements medico-sociaux sont en situation difficile. Le deficit public des hopitaux devrait atteindre 2 milliards d’euros en 2024, selon la Federation des hopitaux publics. Elle reclame une hausse de 6% de l’enveloppe dediee par rapport a celle de l’an dernier, a 111,9 milliards d’euros.

fr_FRFrench