Grace a une greffe du foie, Hector Sanchez, un vendeur automobile de 31 ans, a retrouve la vie et une mission : promouvoir le don d’organes dans un pays, le Chili, ou la pratique reste marginale.
Enfant, le trentenaire revait de devenir footballeur. En septembre, il a remporte avec son equipe la premiere Coupe du monde de football des transplantes.
C’etait en Italie, apres une ecrasante victoire 5-1 contre l’Espagne.
« Defendre le Chili en Coupe du monde et jouer contre d’autres pays, j’en ai toujours reve », assure-t-il, encore essouffle apres un match amical a Santiago entre des joueurs transplantes et des membres d’une organisation caritative qui promeut le don d’organes.
Avec une vingtaine d’autres greffes, la plupart des reins, ils forment l’equipe amateur de la « Selection chilienne de transplantes ».
« Ils doivent prendre soin d’eux comme n’importe quel sportif et s’hydrater », note simplement aupres de l’AFP Ruth Leiva, cheffe de l’Unite de Transplantations de l’Hopital San Jose de Santiago.
A la tombee de la nuit, sur un terrain synthetique, Hector Sanchez, vetu d’un maillot rouge floque du numero 11, court et dribble le ballon avec l’aisance d’un joueur ordinaire.
Sous son maillot, deux larges cicatrices temoignent cependant de son difficile parcours.
« Si je n’avais pas ete transplante, je ne serais sans doute pas la », avance le vendeur automobile, sept ans apres sa greffe.
– « Yeux arraches » –
Bien que le Chili ait adopte une loi en 2010 faisant de toute personne majeure un donneur potentiel, le nombre de greffes reste faible avec un taux de 10 pour un million d’habitants, selon les chiffres du ministere de la Sante.
Un taux est deux fois moins important qu’en Uruguay, le leader regional (19,7) et bien en deca de pays comme l’Argentine (18) ou le Bresil (17). Au niveau mondial, l’Espagne detient le record en la matiere avec 48,9 pour un million d’habitants.
Bien que « la legislation chilienne soit relativement avancee » par rapport a d’autres, « il n’y a pas une grande sensibilisation au don », deplore Ruth Leiva, precisant que les parents du defunt ont la possibilite de refuser tout don.
« Beaucoup de gens croient que (leur parent defunt) aura les yeux arraches (…) et qu’ils ne pourront pas le veiller », note-t-elle, soulignant les nombreux prejuges sur le don d’organes dans le pays, ou 2.200 personnes sont dans l’attente d’une greffe.
De plus, le Chili considere comme donneur potentiel uniquement une personne en etat de mort cerebrale, contrairement a l’Espagne, ou les organes peuvent egalement etre preleves sur les personnes decedees a la suite d’un arret cardiaque, explique Ruth Leiva.
Hector Sanchez etait cense subir une greffe avant l’age de 15 ans, mais ce n’est que neuf ans plus tard, a l’age de 24 ans, qu’il a pu en beneficier.
Apres un premier echec et huit mois en soins intensifs, il a pu recevoir une seconde greffe cette fois-ci reussie, qui lui a permis de retrouver progressivement une vie normale.
« Des que vous entrez sur le terrain, vous oubliez tout, je suis une personne normale, je suis la personne la plus heureuse », sourit Hector Sanchez