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Decouverte d’une hormone capable de solidifier les os

juillet 10, 2024

Elle pourrait servir aux patients souffrants d’Osteoporose, aux femmes traitees pour un cancer du sein par hormonotherapie (chez qui les os sont plus fragiles) ou encore aux jeunes athletes de haut niveau. Toutes les personnes dont les os, rendus fragiles, necessitent d’etre solidifies. Cette toute nouvelle hormone, appelee CCN3, decouverte chez les femmes qui allaitent, vient d’etre decrite dans la revue Nature.

Plus de 200 millions de personnes souffrent d’osteoporose dans le monde

Dans le monde, plus de 200 millions de personnes souffrent d’osteoporose. Cette maladie entraine une severe fragilisation des os qui peut mener a des fractures frequentes. Les femmes font partie des populations a risque apres la menopause, lorsque le taux d’oestrogenes decline dans l’organisme. C’est cette hormone sexuelle qui stimule la production d’os en temps normal.

Or le taux d’oestrogenes est egalement bas pendant l’allaitement. Et pourtant, l’osteoporose et les fractures osseuses ne sont pas frequentes chez les femmes allaitantes. Qu’est-ce qui, dans le corps, pouvait bien maintenir une bonne sante osseuse chez ces femmes ? C’est ce mystere scientifique qui a conduit une equipe de l’Universite de Californie de San Diego sur la piste de CCN3.

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L' »hormone cerebrale maternelle », mal comprise mais deja efficace

En travaillant sur des souris femelles, l’equipe avait deja constate que bloquer un recepteur d’oestrogenes dans une petite zone du cerveau entrainait une importante prise de masse osseuse. Cette fois, en cherchant quelle hormone entrait en jeu, ils ont mis le doigt sur CCN3.

Produite par des neurones dans la meme region cerebrale chez toutes les souris, cette hormone s’est averee cruciale pour la sante de la mere et de ses petits. Les experiences ont montre que sans CCN3, les meres et leurs progenitures commencaient a perdre du poids, confirmant le role cle de cette toute nouvelle hormone. Rebaptisee « Maternal Brain Hormone », en francais « hormone cerebrale maternelle », elle montre des resultats tres prometteurs.

Chez les souris jeunes ou seniors, l’augmentation de CCN3 a montre une rapide amelioration de la solidite des os et de leur masse en l’espace de quelques semaines. Et ce meme chez les femelles agees en manque d’oestrogenes. « La force d’un os depend de plusieurs parametres, non seulement sa masse mais aussi sa densite minerale et sa microarchitecture. Grace a la microtomographie aux rayons X (un scanner a l’echelle microscopique, ndlr), on peut connaitre la composition minerale des os ainsi que le volume osseux de facon generale« , explique a Sciences et Avenir le Dr Thomas Ambrosi, chercheur a l’UC Davis et co-auteur de l’article. Des tests de force peuvent aussi permettre de savoir quelle force un os peut supporter avant de se briser.

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En patch ou par injection

Fraichement decouverte, l’hormone garde encore une part de mystere. « Pour le moment, on en sait peu sur le mode d’action de CCN3. On sait qu’il stimule directement la formation d’os en activant les cellules souches osseuses. Ces cellules sont donc plus nombreuses et se differencient pour creer de l’os plus rapidement. Et enfin, la masse spongieuse de l’os augmente« , explique le chercheur.

Mais un lien direct avec le calcium n’a pas encore ete observe. « L’hormone n’est exprimee que dans les neurones de l’hypothalamus durant la lactation. Sa production s’arrete lorsque la demande en lait s’arrete. Mais comment cela se passe concretement reste une enigme scientifique. Qu’est-ce qui l’active et qu’est-ce qui la desactive ? On sait que ca a un rapport avec les oestrogenes, mais la reponse est probablement bien plus complexe« , complete le Pr Holly Ingraham, specialisee en pharmacologie cellulaire et moleculaire et co-autrice de l’article.

Si elle recele toujours des secrets, cette hormone a deja fait ses preuves therapeutiques. Pour supplementer l’organisme en CCN3, l’equipe a mis un point un patch a base d’hydrogel, capable de delivrer la molecule directement au niveau des os. Il suffit pour cela de l’appliquer au niveau de la fracture, ou la liberation de CCN3 se fait progressivement durant deux semaines.

Le dispositif s’est montre convaincant sur les souris seniors, stimulant la production d’os au niveau de la fracture et contribuant a sa guerison. « On pourrait donc imaginer des strategies de supplementation ou d’injections en CCN3. Avant cela, il nous faut encore comprendre par quel mecanisme le cerveau declenche sa production« , suggere le Dr Ambrosi. Seulement alors de nouvelles approches therapeutiques pourront etre proposees aux patients.

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