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Des amputes ukrainiens reapprennent a marcher grace a des protheses allemandes

septembre 3, 2024

Vitaliy Saiko, un ex-soldat qui a perdu ses jambes pendant la guerre en Ukraine, compare ses nouveaux membres confectionnes par un prothesiste de Berlin a une voiture de sport.

« C’est un travail personnalise. C’est comme construire une Lamborghini, tout est assemble selon le souhait du client », decrit a l’AFP l’Ukrainien de 42 ans.

Avec ses protheses flambant neuves, il est l’un des premiers patients a beneficier d’un programme allemand de soins destine aux amputes ukrainiens.

Depuis le debut de l’invasion russe, des dizaines de milliers de personnes ont disparu et bien plus ont vu leur vie bouleversee par de graves blessures.

Et en Ukraine, il est souvent difficile de mener a bien les amputations, estimees a plus de 20.000 depuis fevrier 2022 par l’Organisation Mondiale de la Sante (OMS) en mai.

Vitaliy Saiko (d), un ex-soldat qui a perdu ses jambes pendant la guerre en Ukraine,  beneficie d'un programme allemand de soins destine aux amputes ukrainiens, le 25 juillet 2024 a Berlin (AFP/Archives - Ralf Hirschberger)
Vitaliy Saiko (d), un ex-soldat qui a perdu ses jambes pendant la guerre en Ukraine, beneficie d’un programme allemand de soins destine aux amputes ukrainiens, le 25 juillet 2024 a Berlin (AFP/Archives – Ralf Hirschberger)

« Ici (en Allemagne), on a d’avantage de connaissances pour pouvoir fabriquer une prothese unique », assure Janine Von Wolfersdorff de l’organisation Life Bridge Ukraine, responsable de cette initiative.

Life Bridge Ukraine a pour l’instant evacue presque 40 amputes jusqu’en Allemagne et accueille six personnes en formation, qui rentreront ensuite en Ukraine pour mettre a profit leurs nouvelles competences.

– « Sensation etrange » –

Marcher avec les protheses procure « une sensation etrange », avoue Vitaliy, mais l’ancien soldat se dit satisfait.

Vitaliy Saiko, un ex-soldat qui a perdu ses jambes pendant la guerre en Ukraine, beneficie d'un programme allemand de soins destine aux amputes ukrainiens, le 25 juillet 2024 a Berlin (AFP - Ralf Hirschberger)
Vitaliy Saiko, un ex-soldat qui a perdu ses jambes pendant la guerre en Ukraine, beneficie d’un programme allemand de soins destine aux amputes ukrainiens, le 25 juillet 2024 a Berlin (AFP – Ralf Hirschberger)

« Avant, je ne pouvais pas du tout marcher, j’etais bloque dans une chaise roulante », raconte l’ancien soldat, qui a endure plus de 15 operations et des mois de reeducation depuis la perte de ses jambes l’an dernier.

Maintenant, Vitaliy se sent « a nouveau entier », trois mois apres son arrivee a Berlin: « on avait coupe mes ailes, mais maintenant elles ont repousse ».

Ses nouveaux membres – une paire d’elegantes tiges metalliques chaussees dans des baskets noires – ont ete specialement concus pour lui au centre medical Seeger de Berlin.

Mais le veteran est encore gene par son ancienne operation. Aujourd’hui, trop peu de chair recouvre les os de sa jambe, ce qui est aussi le cas d’autres amputes.

Faites a la va-vite, parfois directement sur le front, les amputations en Ukraine ne preparent pas toujours « de maniere optimale » le moignon a la pose d’une prothese, indique Michael Kohler du centre Seeger.

« Nous devons donc creer un support confortable pour accueillir ces os » a l’interieur de la prothese, decrit le specialiste.

Vitaliy Saiko, un ex-soldat qui a perdu ses jambes pendant la guerre en Ukraine, beneficie d'un programme allemand de soins destine aux amputes ukrainiens, le 25 juillet 2024 a Berlin (AFP/Archives - Ralf Hirschberger)
Vitaliy Saiko, un ex-soldat qui a perdu ses jambes pendant la guerre en Ukraine, beneficie d’un programme allemand de soins destine aux amputes ukrainiens, le 25 juillet 2024 a Berlin (AFP/Archives – Ralf Hirschberger)

A son atelier dans le sud de Berlin, il transmet son expertise a des Ukrainiens venus pour se former, comme Anastasiia Tkach.

Kinesitherapeute de formation, elle apprend a tester des protheses a partir de faux moignons moules dans du platre.

« Vitaliy est mon premier patient ukrainien ici… c’est assez excitant », temoigne la jeune femme de 23 ans.

– Offre « catastrophique » –

« Tant que la guerre continue, nous n’arreterons pas d’amener des patients ici (a Berlin) », promet Janine von Wolfersdorff de Life Bridge Ukraine.

Vitaliy Saiko, un ex-soldat qui a perdu ses jambes pendant la guerre en Ukraine, beneficie d'un programme allemand de soins destine aux amputes ukrainiens, le 25 juillet 2024 a Berlin (AFP/Archives - Ralf Hirschberger)
Vitaliy Saiko, un ex-soldat qui a perdu ses jambes pendant la guerre en Ukraine, beneficie d’un programme allemand de soins destine aux amputes ukrainiens, le 25 juillet 2024 a Berlin (AFP/Archives – Ralf Hirschberger)

Apres la premiere phase, quelques blesses severes « occasionnels » seront encore evacues en Allemagne, et de nouveaux apprentis continueront d’affluer dans la capitale.

En revanche, Berlin doit progressivement laisser la main a un nouveau centre de protheses a Kiev, soutenu par le programme.

Dans un premier temps, Life Bridge Ukraine lui fournira l’equipement et les materiaux necessaires.

Le nouveau centre prendra ses quartiers sous-terre, dans la cave d’un des hopitaux de Kiev, car la capitale demeure sous le feu des missiles russes.

Ainsi, le centre « pourra fonctionner meme en cas d’alerte de raid aerien », promet Janine von Wolfersdorff.

Vitaliy Saiko, un ex-soldat qui a perdu ses jambes pendant la guerre en Ukraine, beneficie d'un programme allemand de soins destine aux amputes ukrainiens, le 25 juillet 2024 a Berlin (AFP/Archives - Ralf Hirschberger)
Vitaliy Saiko, un ex-soldat qui a perdu ses jambes pendant la guerre en Ukraine, beneficie d’un programme allemand de soins destine aux amputes ukrainiens, le 25 juillet 2024 a Berlin (AFP/Archives – Ralf Hirschberger)

Actuellement, l’offre de protheses en Ukraine est « catastrophique », assure Vitaliy, qui a passe neuf mois de reeducation dans son pays. « On a effectivement besoin d’aide », appuie-t-il.

Avec ses nouvelles jambes, l’ancien soldat peut facilement monter un escalier, tenir en equilibre sur une planche ou meme conduire un velo – meme s’il est en nage apres l’effort.

Quand il rentrera chez lui, il veut « etre utile sur le front d’une autre maniere ».

« J’aurai beaucoup de travail. On peut toujours trouver quelque chose a faire a l’arriere », espere-t-il.

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