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Desirable et bon pour la sante, le teletravail devient un privilege de cadres

novembre 7, 2024

Le plus souvent reserve aux cadres depuis la fin de la pandemie de Covid, le teletravail est devenu plus desirable, permettant aux salaries qui en profitent d’ameliorer leurs conditions de travail et leur sante, selon deux etudes publiees mardi.

Avant la crise sanitaire, le travail a distance ne concernait que moins d’un salarie sur dix, le plus souvent un jour par semaine au maximum, selon les reponses de plusieurs dizaines de milliers de salaries a trois enquetes sur les conditions de travail et le vecu au travail, qui ont servi de base a l’analyse de la Dares, la direction des etudes du ministere du Travail.

Pendant la pandemie en 2021, pres d’un tiers des salaries etaient concernes, majoritairement trois jours par semaine ou plus. En 2023, ils ne sont plus que 26%, dont les quatre cinquiemes a un ou deux jours, ou de maniere occasionnelle.

Entre 2021 et 2023, la part des cadres chez les teletravailleurs est passee de 45% a 61%, tandis que celle des professions intermediaires a perdu dix points, de 36% a 26%. Elle est de 12% chez les employes et seulement de 1% chez les ouvriers.

Quelque 2,2 millions de salaries sur des postes teletravaillables ne teletravaillent pas mais souhaitent le faire, selon l’etude, qui precise que ce vivier « est concentre au sein de metiers ou la pratique du teletravail est le plus souvent bien etablie », comme les secretaires, les comptables ou les employes des banques et assurances.

Au total, un tiers (34%) des salaries souhaite travailler a distance, dont la majorite entre deux et quatre jours par semaine, seuls 8% voulant le faire a temps plein.

« Globalement, il y a un decalage entre les souhaits et la pratique, qui existait deja en 2021, mais c’etait plutot des personnes qui souhaitaient (…) reduire leur quantite de teletravail, desormais elles souhaitent en faire plus », a souligne lors d’une presentation a la presse Louis-Alexandre Erb, l’un des auteurs de l’etude.

– Differences femmes-hommes –

« Les teletravailleurs ont davantage d’autonomie et travaillent de maniere moins intense lorsqu’ils sont a distance plutot que sur site », releve par ailleurs une deuxieme etude de la Dares, basee sur les reponses de plus de 38.000 personnes a une enquete.

Le lieu principal du teletravail est a 98% le domicile, et dans seulement 2% des cas un espace specifique, par exemple de co-working, et 45% des teletravailleurs ont une piece consacree au teletravail a la maison.

Par rapport a l’exercice du metier au sein d’un collectif, le travail a distance diminue les interruptions des taches et la pression ressentie, les revers de la medaille les plus souvent cites etant l’absence de discussions ou de soutien des collegues, ou encore le manque de moyens adaptes mis a disposition.

Au niveau de la sante, la situation a radicalement change en quelques annees. « Les teletravailleurs comptaient une plus forte proportion de salaries a l’etat de sante altere, en situation de handicap ou avec un risque depressif eleve », rappelle l’etude.

Mais en 2023 « les teletravailleurs sont globalement en meilleure sante que les autres salaries qui ne pratiquent pas le teletravail, meme s’ils estiment que leurs fonctions le leur permettraient ».

Toutefois les femmes qui travaillent a distance ont, davantage que les autres tendance a faire du presenteisme, c’est-a-dire a ne pas s’arreter lorsqu’elles sont malades, alors qu’il n’y pas de difference notable chez les hommes selon qu’ils teletravaillent ou pas.

D’apres les declarations des salaries, le travail a domicile permet « une meilleure articulation entre vie professionnelle et privee au sein des couples en teletravail, surtout pour les hommes » qui consacrent davantage le temps gagne dans les transports « aux loisirs et aux soins des enfants, tandis que les femmes le reservent plutot au travail domestique ».

Par consequent, « meme en cas de pratique du teletravail, le travail domestique n’est pas mieux reparti entre femmes et hommes, sauf au sein des couples avec jeunes enfants ». Il pourrait donc favoriser une reduction des inegalites, mais seulement « passagere ».

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