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Dix ans de greffes d’uterus : un premier bilan sur la sante des meres et des enfants

août 28, 2024

Dix ans deja depuis la premiere transplantation uterine au monde realisee par l’equipe du Dr Mats Brannstrom (hopital de Goteborg, Suede) ayant abouti a une naissance vivante apres une decennie d’experimentation animale.

Moins de 100 enfants nes d’une greffe d’uterus

Selon le premier bilan de cette pratique hors norme, tout juste presentee par l’universite de Dallas (Texas) dans un travail americain publie dans la revue Jama, plus d’une centaine de transplantations uterines ont a ce jour ete realisees a travers le monde.

Cette etude, Dallas UtErus Transplant Study (DUETS), menee sur une vingtaine de cas americains et concue pour evaluer les resultats a long terme de la transplantation d’uterus et en apprecier la securite, note qu’il n’existe aucun registre mondial rapportant precisement le nombre de naissances resultant de cette procedure.

Leurs auteurs estiment toutefois a environ 70 le nombre d’enfants vivants issus de cette pratique, dont trois en France, des naissances toutes rendues possibles grace aux travaux menes a partir de donneuses vivantes par l’equipe du Pr Jean-Marc Ayoubi (hopital Foch, Suresnes).

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Une femme sur 4500 nait sans uterus

Pour rappel, l’infertilite uterine dite absolue peut etre acquise ou congenitale et due a un uterus dysfonctionnel ou absent. La transplantation uterine, en provenance de donneuses vivantes ou decedees selon les protocoles, est aujourd’hui proposee en particulier aux femmes nees sans uterus, atteinte du syndrome de Mayer-Rokitansky-Kuster-Hauser, qui touche une femme sur 4500 en France.

Selon l’etude DUETS, cette alternative a l’adoption ou a la gestation pour autrui (GPA, interdite en France mais autorisee dans d’autres pays), presente un tres bon taux de reussite (100%) et permet de donner naissance a des enfants en bonne sante, mais le geste n’est neanmoins pas denue de complications chirurgicales, tant chez les meres receveuses que chez leurs donneuses.

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Quelles complications pour les donneuses et les receveuses ?

A lire les resultats observes a partir de 18 donneuses vivantes et 2 decedees, au moins une complication a ete observee chez onze des 20 receveuses, soit des complications maternelles et obstetriques dans 50 % des grossesses reussies, comme de l’hypertension pendant la grossesse, une insuffisance fonctionnelle du col ou sa dilatation precoce en dehors du travail ou encore des naissances prematurees. Par ailleurs, comme le precisent les auteurs, l’impact a long terme du traitement immunosuppresseur demeure egalement inconnu.

Du cote des donneuses, 4 des 18 femmes ont presente des complications de grade 3 (severes) principalement liees au geste chirurgical au moment du retrait de l’uterus par laparotomie en lien avec la procedure assistee par robotique, des complications heureusement sans sequelles au terme des 4 ans de suivi.

Les avantages du don post mortem

En France, d’autres travaux sont en cours. Il s’agit de ceux de l’equipe du Pr Vincent Lavoue (CHU Rennes) qui a obtenu fin 2021 un financement pour realiser 16 nouvelles greffes, dont huit a partir de donneuses vivantes et huit autres a partir de donneuses mortes. Les avantages du don post mortem sont evidemment nombreux : simplicite, rapidite d’action (moins de vingt minutes d’intervention au lieu de plusieurs heures) et evidemment absence totale de risque pour la donneuse.

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Autre avantage certain : l’anonymat total du don garanti par la loi en France. Mais comme le soulignait un rapport de l’Academie de medecine paru en 2015, il reste difficile d’anticiper la reaction des enfants lorsqu’ils apprendront qu’ils sont venus au monde grace a celui de leur grand-mere, d’une amie de leur mere ou bien encore d’un uterus preleve chez une femme decedee. En tout cas, comme l’ecrivait le pionnier francais, le Pr Jean-Marc Ayoubi, dans une Etude parue en 2021,si la transplantation uterine rentrait dans le domaine du soin, elle pourrait potentiellement s’adresser a 150.000 patientes en Europe.

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