L’effet placebo est bien reel, et maintenant on sait comment il fonctionne ! Cet effet decrit le resultat positif d’une substance ou d’un acte therapeutique independamment de son efficacite attendue, et il est cause notamment par l’esperance que le patient peut avoir sur l’efficacite du traitement.
Des Etudes precedentes avaient deja donne une premiere idee de ses mecanismes, en montrant quelles zones du cerveau pourraient etre impliquees. Une nouvelle etude, publiee dans la revue Nature par chercheurs de l’Universite de la Caroline du Nord (Etats-Unis), vient etayer les circuits neuronaux actives dans ces zones, montrant comment fonctionne l’effet placebo, et comment on pourrait le manipuler.
Un entrainement pour oublier la douleur
L’etude s’est interessee a l’effet analgesique placebo, lorsqu’un placebo peut generer une diminution de la douleur. Les chercheurs ont entraine des souris pour ne plus ressentir de la douleur dans un contexte normalement douloureux. Pour cet « apprentissage », les souris etaient placees dans un dispositif avec deux chambres, facilement reconnaissables visuellement.
Durant trois jours, le sol des deux chambres etait a une temperature confortable pour les souris (30degC), qui pouvaient les explorer librement. Puis, pendant trois jours, le sol d’une des chambres est passe a 48degC, une temperature trop elevee pour les petites pattes des rongeurs. Durant cette periode de conditionnement, les souris apprenaient a associer une des chambres a de la douleur, et l’autre a l’absence de douleur.
Apres cette periode, le sol des deux chambres etait a 48degC, pour tester si l’entrainement avait fonctionne et les souris ressentaient moins de douleur dans la piece qui etait censee etre indolore malgre sa nouvelle temperature trop elevee. Sans surprise, les souris montraient moins de signes de douleur dans cette chambre que dans la premiere, alors qu’elles avaient la meme temperature et devraient generer la meme douleur. Et cet effet placebo durait pendant au moins une semaine.
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Une connexion entre le cortex et le cervelet
Les chercheurs ont ensuite observe le cerveau de ces souris pour comprendre quel mecanisme etait responsable de cette diminution de la douleur. Ils ont mis en evidence un circuit neuronal avec des neurones qui partaient du cortex cingulaire anterieur (voir l’image ci-dessous), dans le cortex prefrontal (au front du cerveau, une zone associee a la douleur), vers une structure dans le tronc cerebral (sous le cerveau) nommee le pont, qui le connecte avec le cervelet (structure qui joue un role dans l’apprentissage et le conditionnement).
En rouge, le cortex cingulaire anterieur de l’hemisphere cerebral gauche. Please see below/Wikipedia
Ces neurones qui connectent ces deux zones (le cortex cingulaire anterieur et le pont du tronc cerebral) s’activaient progressivement lors de la phase de conditionnement. Activant a leur tour des neurones dans le pont qui expriment des recepteurs opiaces et peuvent donc etre actives aussi par des opioides endogenes, tels que les endorphines (qui ont un effet analgesique). Finalement, ces neurones en activent d’autres dans le cervelet, nommes des cellules de Purkinje.
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Une porte vers de nouvelles facons de traiter la douleur
L’importance de cette connexion a ete evaluee en stimulant ces neurones du cortex cingulaire anterieur (par une technique nommee optogenetique) chez des souris non conditionnees. Ce qui a entraine une baisse de la douleur qu’elles ressentaient lorsqu’elles subissaient differents tests de douleur. Ce circuit neuronal est donc important pour l’effet analgesique placebo, mais il reste a etablir comment les cellules de Purkinje dans le cervelet attenuent la sensation de douleur.
Cependant, les auteurs de l’etude sont enthousiastes a l’idee de mieux connaitre ce circuit de l’effet analgesique placebo et de l’utiliser pour traiter la douleur plus efficacement : « Nous avons besoin de meilleures facons de traiter la douleur chronique, notamment de traitements sans effets secondaires nocifs ou des effets addictifs, rappelle dans un communique Greg Scherrer, auteur de l’etude. Nous pensons que nos resultats ouvrent la porte a la possibilite de cibler cette nouvelle voie neuronale de la douleur afin de traiter les personnes differemment, mais d’une facon potentiellement plus efficace. »
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