Domile Tautvydaite et Nicolas Burra, postdoctorante et chercheur de la Faculte de psychologie et des sciences de l’education de l’Universite de Geneve (Suisse), sont parvenus a determiner le moment precis lors duquel notre cerveau detecte la direction du regard de l’autre. Une prouesse parue dans la revue NeuroImage.
Cette etude avait pour objectif de discerner en combien de temps le cerveau humain arrive a detecter la direction du regard des autres. Une information importante dans l’etude des interactions sociales. « Un contact visuel direct indique une volonte d’engager une interaction sociale, alors que l’evitement du regard enverra le message contraire », precise le communique de l’Universite.
17 combinaisons melant directions de regard et orientations de la tete
Pour ce faire, les chercheurs ont concu des images realistes en 3D de visages feminin et masculin a l’aide du logiciel « Poser 5« . Les visages ont ete programmes afin d’adopter plusieurs postures. Au total, il y avait 17 combinaisons melangeant differentes directions de regard et orientations du visage.
Deux experiences ont ete organisees dans les memes conditions, a deux moments differents et en changeant de participants. Ces derniers, ages de 18 a 35 ans, etaient en bonne sante et ont ete recrutes au sein meme de la Faculte de psychologie de l’Universite de Geneve. Ils avaient tous une bonne vision (naturelle ou corrigee). Trente-deux participants, dont trois hommes, ont pris part a la premiere experience tandis que 34 participants dont huit hommes ont participe a la deuxieme experience.
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Les experiences se sont deroulees dans des salles insonorisees avec un faible eclairage. Les participants etaient assis a 75 centimetres d’un ecran d’ordinateur. Pour permettre de comprendre ce qu’il se passe dans leur cerveau, des electrodes ont ete fixees et reparties sur la tete des participants afin de realiser une electroencephalographie (lire l’encadre ci-dessous).
Qu’est-ce que l’electroencephalographie ?
L’electroencephalographie est une methode, qui grace a des electrodes (petits disques de metal relies a un ordinateur par des fils) reparties sur la tete, permet de reperer et mesurer les differentes charges electriques des cellules neuronales. Ces donnees sont retransmises a l’ordinateur qui convertit les charges electriques en graphique appele electroencephalogramme.
cExemple d’encephalographie realisee sur une femme. Credits: JACOB SCHOTER/DPA/DPA PICTURE ALLIANCE VIAAFP
Notre cerveau percoit la direction des yeux « a partir de 140 millisecondes«
Pour le meme visage observe lors des deux experiences, les participants devaient, durant la premiere experience seulement, rapporter la direction du regard. Alors que lors de la deuxieme experience, les participants devaient, eux, uniquement identifier l’orientation de la tete.
Chaque experience commencait par l’affichage d’une croix de fixation noire au milieu de l’ecran pendant 500 millisecondes, puis le stimulus du visage apparaissait au centre de l’ecran pendant 200 millisecondes. Enfin, la croix de fixation reapparaissait jusqu’a ce que les participants appuient sur le clavier pour indiquer leur reponse quant a la direction des yeux et a l’orientation de la tete.
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L’electroencephalographie a permis aux chercheurs de mesurer a quel moment le niveau d’activite cerebrale etait le plus intense, c’est-a-dire quand le cerveau a percu l’orientation de la tete et la direction du regard.
Ainsi, l’on sait desormais que notre cerveau percoit d’abord l’orientation de la tete « a partir de 20 millisecondes« , puis la direction des yeux « a partir de 140 millisecondes« .
Par ailleurs, cette etude suggere que l’analyse de l’orientation de la tete donne un indice a notre cerveau afin de percevoir la direction du regard. En revanche, l’inverse ne donne pas d’indices a notre cerveau.
Des travaux qui pourraient etre utiles dans le diagnostic de l’autisme
« Ces resultats et la methode utilisee sont un apport concret pour le diagnostic precoce des troubles du spectre de l’autisme chez les enfants, souligne le communique de presse. Concernant la maladie d’Alzheimer, l’un des symptomes les plus frappants avec son avancee est l’incapacite a reconnaitre les visages, meme ceux des membres de la famille. Cette etude ouvre donc la voie a une meilleure comprehension des mecanismes neuronaux lies a la diminution de l’interaction sociale et a la memoire des visages. »
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