Pas de pause estivale dans les laboratoires d’analyses: en plus de la surveillance ininterrompue de la grippe et du Covid, le rythme des depistages de la coqueluche, en pleine recrudescence, reste « tres eleve », constatent les biologistes.
La semaine derniere, les laboratoires Inovie ont realise « 6.000 tests PCR coqueluche contre 1.900 sur l’ensemble 2023 », indique a l’AFP Guillaume Teissier, medecin biologiste chez Inovie Labosud.
« On pensait que l’epidemie allait diminuer avec les vacances mais, dans les faits, le nombre de demandes est reste au meme niveau qu’en juin », avec « un taux de positivite a 25% », a peu pres celui constate pendant les pics de Covid, dit-il.
Toutefois, « les gens se testent moins facilement que pour le Covid », pour lequel il existe des auto-tests et des depistages en pharmacie. Pour la coqueluche, « le patient doit aller voir le medecin qui lui fait une prescription, donc moins de gens se depistent ». Consequence: « Ils ne savent pas qu’ils sont atteints et disseminent la maladie ».
La Bordetella pertussis est la bacterie responsable de la coqueluche, une maladie respiratoire contagieuse mais rarement grave dite « de collectivite », qui revient par cycles de trois a cinq ans. En France, les deux derniers pics epidemiques avaient ete observes en 2013 et 2017.
D’autres pays europeens comme l’Espagne, le Danemark et la Republique tcheque partagent cette nouvelle recrudescence de coqueluche.
Les plus a risque sont les tout-petits, trop jeunes pour etre vaccines (moins de deux mois) contre cette infection et les plus touches par les formes graves, les hospitalisations et les deces.
Une vingtaine de deces d’enfants ont ete recenses depuis le debut de l’annee, a indique fin juillet l’agence de sante publique.
– Delai de diagnostic raccourci –
Face a une epidemie difficilement previsible, des laboratoires de ville ont du s’adapter pour prendre en charge un grand nombre de patients.
« Ce n’est pas une pathologie qu’on recherche en routine. On a tendance a l’oublier », rappelle Soufien Belmiloudi, medecin biologiste pour le laboratoire Inovie Biofutur, se disant surpris par le pic de demandes et le nombre de cas positifs.
De quelques cas par jour au debut du printemps, le laboratoire reste « sur un plateau depuis debut juin, avec 800 a 1.000 demandes par semaine et un taux de positivite moyen de 21% », selon lui.
Aussi, pour « gagner du temps », ce laboratoire a « reutilise des machines qui avaient servi pendant le Covid » et s’est equipe de nouvelles techniques automatisees pour gerer les volumes. Resultat, il est passe « d’un delai de reponse d’une dizaine de jours a moins de 24h » en l’espace de trois jours.
« L’importance d’un diagnostic rapide, c’est de pouvoir identifier les patients atteints de la coqueluche, et les traiter, ce qui reduit les symptomes mais aussi la contagiosite et la transmission de la maladie », insiste Dr Tessier chez Inovie Labosud.
– Meme technique que pour le Covid –
« Maintenant qu’on a des tests PCR qui permettent de detecter les acides nucleiques de la bacterie directement dans le prelevement », le meme principe que celui utilise pour le Covid, le resultat est « une question de quelques heures », confirme la directrice medicale des laboratoires Cerballiance, Stephanie Haim-Boukobza.
Elle aussi constate que « l’activite reste tres elevee » sur la coqueluche, avec « des taux de positivite de 20% » en juillet.
Les tests pour diagnostiquer la coqueluche sont integres dans des panels qui depistent plusieurs infections respiratoires en meme temps, a savoir la grippe, le Covid, le virus respiratoire syncytial (VRS), principal responsable de la bronchiolite.
« Le Covid a permis a beaucoup plus de laboratoires de s’equiper en plateforme sophistiquee, avec des debits plus importants », estime Francoise Gay-Andrieu, directrice medicale de Roche Diagnostics France, qui fournit des tests de diagnostic.
Cette filiale du groupe suisse Roche fait etat d’une augmentation des ventes de ses tests en lien avec la coqueluche « de l’ordre de 30% dans le monde », depuis le debut de l’annee par rapport a l’annee precedente.