This article is from the magazine Les Dossiers de Sciences et Avenir ndeg220 dated January/March 2025.
En 2021, 20,8 % des 18-24 ans etaient concernes par la depression – deux fois plus qu’en 2017 -, 7,2 % confiant meme avoir eu des pensees suicidaires, selon les enquetes CoviPrev, instituees lors de la pandemie. Et les plus jeunes ne sont pas epargnes. En avril 2024, l’enquete nationale EnCLASS, qui sonde collegiens et lyceens, a revele qu’un adolescent sur sept presente de graves risques de depression, la tendance etant beaucoup plus marquee chez les filles.
Les sources de mal-etre sont multiples : harcelement scolaire, actualite anxiogene, angoisse de performance, changements du corps mal vecus… Le tout se soldant par de l’anxiete et un profond sentiment de solitude eprouve par plus d’un quart des adolescents interroges. Un sentiment qui affecte aussi les jeunes adultes. Ce peut etre un ressenti d’ordre physique, caracterise dans ce cas par l’absence d’interactions sociales regulieres ; ou emotionnel, la personne ressentant une distance avec son entourage.
Un effet notable des reseaux sociaux
Mis en exergue durant le confinement, ce veritable « fleau du 21e siecle » s’est amplifie depuis lors. D’apres une etude publiee en 2023 par la Fondation Jean-Jaures, pres de la moitie des Francais se sentent seuls, un ressenti qui concerne 71 % des 18-24 ans et 79 % des utilisateurs quotidiens des reseaux sociaux.
Face a ce mal-etre, l’un des reflexes des jeunes est de se tourner vers les ecrans, pour plus de deux tiers d’entre eux, selon la meme etude. Or, si les reseaux sociaux constituent une interface d’echange sans egal, plusieurs travaux montrent qu’ils peuvent amplifier les sensations d’angoisse et de solitude. Depuis le debut des annees 2010, de nombreuses etudes ont d’ailleurs mis en evidence une correlation entre usage intensif des reseaux sociaux et troubles anxieux et depressifs. Comment faire, alors, pour essayer d’aller mieux ?
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Des aides disponibles
Le socle d’une bonne sante mentale – en l’absence de problemes psychiques serieux, qui imposent une consultation medicale – restera toujours une alimentation variee, une pratique sportive reguliere et un sommeil de qualite. Comme le rappelle une etude de l’universite de Cambridge, parue en 2024, la qualite du contenu de notre assiette peut ainsi influencer notre humeur – une carence en magnesium pouvant causer de l’anxiete, et un manque de zinc ou de fer, des troubles depressifs. De meme, une activite physique, meme moderee, peut contribuer a reduire les troubles depressifs legers.
Au-dela de cette trinite d’evidences, cependant, d’autres reflexes peuvent etre adoptes. Le premier pas consiste a se reapproprier des liens sociaux forts et veritables, c’est-a-dire ancres dans un contexte physique et non virtuel : pratiquer une activite sportive ou culturelle en club, faire du benevolat…
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Si ces approches sont difficiles a mettre en oeuvre, il est possible de se rapprocher de structures et de professionnels d’ecoute et de soutien. Les centres medico-psychologiques (CMP et CMPP) regroupent psychologues, psychiatres, educateurs et assistants sociaux qui peuvent etre consultes gratuitement et fournir des pistes de solution. Mais les delais d’attente pour obtenir un rendez-vous sont souvent longs : parfois pres d’un an ! Les eleves peuvent se tourner vers le personnel medical de leur etablissement ou des structures comme « les maisons des adolescents », qui recoivent gratuitement, anonymement et sans rendez-vous pour orienter enfants et parents vers les professionnels adequats.
Pour les 18-25 ans, les PAEJ (Points accueil et ecoute jeunes) jouent un role similaire. Il existe aussi des initiatives communautaires, comme le service d’ecoute nocturne Nightline, par et pour les etudiants, ou la structure d’entraide « La Maison perchee », qui vise a rapprocher des publics souffrant de troubles psychologiques. Aussi, depuis 2022, le programme « Mon soutien psy » prend partiellement en charge jusqu’a 12 seances par an avec un psychologue. Il est cumulable avec le dispositif « Sante psy etudiant », qui assure 12 seances gratuites par an.
Enfin, l’Agence nationale de sante publique a mis en place un service de renseignement, Fil Sante Jeunes, pour les 12-25 ans, dont le site web publie de precieuses informations.