Une femme enceinte doit se nourrir pour deux et la surface de son intestin grele augmente en proportion, montre une etude menee par des chercheurs autrichiens de l’Universite de Vienne. Cet accroissement se poursuit au cours de l’allaitement quand la mere a encore de gros besoins nutritifs pour produire un lait de qualite.
Chez des souris gestantes, les chercheurs ont pu observer que cette adaptation resulte du ralentissement du renouvellement intensif des villosites intestinales, ces replis d’environ 1 mm de hauteur qui tapissent la muqueuse intestinale de l’intestin grele. Les villosites s’allongent alors dans l’intestin, grossissent, et leur plus grande densite freine aussi le transit des nutriments qui sont ainsi mieux absorbes.
Des changements induits par une hormone : la prolactine
De plus, les cellules intestinales de ces villosites expriment plus de transporteurs pour les lipides, les acides amines et des vitamines. Les chercheurs ont decouvert que ce changement etait induit par une hormone, la prolactine, produite au cours de la gestation chez les mammiferes et deja connue pour provoquer le developpement du tissu mammaire et sa production de lait.
Preuve du role critique de la prolactine, le simple fait de retirer les nouveau-nes a leur mere qui fait chuter son taux sanguin de prolactine, ou un blocage direct de l’action de la prolactine par un inhibiteur, faisait regresser la surface de son intestin.
Read alsoPregnancy: towards a first treatment against pre-eclampsia?
Une condition au bon developpement du bebe
En utilisant des organoides de tissu intestinal developpes a partir de cellules humaines, les chercheurs ont retrouve les memes mecanismes pour developper la surface intestinale au cours de la grossesse. Cette adaptation transitoire a une demande accrue en nutriments conditionne le bon developpement du foetus puis du bebe quand il est allaite.
Read also80% des femmes ont une carence en fer au 3e trimestre de grossesse
Les souriceaux nes de souris ne presentant pas cette augmentation de surface intestinale lors de la gestation etaient plus petits et presentaient a l’age adulte un risque plus eleve de diabete, mimant une consequence deja observee chez les enfants nes de femmes enceintes lors de la grande famine de 1944 aux Pays-Bas.