Pour « faciliter » l’acces aux soins, le premier syndicat des medecins specialistes plaide samedi pour permettre aux specialistes de s’adresser des patients entre eux, voire de recevoir des malades envoyes par un soignant paramedical, une idee a l’origine de tensions regulieres avec les generalistes.
Hors urgence, les delais medians de rendez-vous chez le specialiste sont tres longs: « plus de 30 jours pour un dermatologue, 40 jours pour un cardiologue », deplore Avenir Spe, dans un « manifeste » presente samedi lors de son congres a Lille, qui liste diverses propositions pour ameliorer l’acces aux soins.
Ces difficultes s’expliquent notamment par l’actuelle organisation du « parcours de soins », qui « impose de passer d’abord et toujours au prealable par le medecin traitant », alors que les generalistes manquent partout, juge le syndicat.
« Sans cette etape » le patient est « moins bien rembourse » et le medecin specialiste « moins bien remunere », regrette-t-il, deplorant une « hierarchisation » des medecins qui selon lui « freine » l’acces aux soins.
Avenir Spe propose donc une consultation « de type nouveau », facturee 60 euros, utilisable seulement dans le cadre de « soins non programmes », ou d’une demande « d’avis rapide ». Le patient pourrait etre adresse par un autre specialiste, par exemple un pneumologue qui devant un essoufflement, suspecterait un probleme cardiaque, detaille-t-il.
Lors de negociations au printemps entre l’Assurance maladie et les syndicats de medecins sur les tarifs des consultations, cette idee, glissee dans une premiere version du projet d’accord, avait failli faire capoter les discussions.
MG France, premier syndicat des generalistes, avait menace de « ne pas signer », y voyant un court-circuitage du « role pivot » du medecin traitant. Le texte avait ete largement edulcore.
Avenir Spe va plus loin: dans le cadre de cette consultation nouvelle, il propose que le patient puisse etre adresse par un autre professionnel de sante (infirmiere, kinesitherapeute, sage-femme), voire par une personne « referente » comme un aidant familial, pour des patients dependants ou vulnerables.
Les specialistes s’engageraient a donner rendez-vous dans un delai reduit: « quatre jours pour un soin non programme », « trois-quatre semaines pour un avis specialise ». Ils fourniraient un compte-rendu au medecin traitant.
Avenir Spe souhaite aussi deployer partout des « equipes de soins specialises », regroupements de medecins d’une meme specialite, qui s’organisent pour repondre plus rapidement aux demandes des medecins generalistes.
Il plaide encore pour la creation de poles de specialite – sur le modele des « instituts du sein » qui associent de nombreux professionnel et du materiel de pointe – dans chaque specialite et region.