Plusieurs representants hospitaliers et une petition en ligne alertent sur le faible nombre d’internes qui integreront cet automne les hopitaux francais.
Pourquoi le nombre de postes diminue-t-il en 2024 par rapport a l’an passe ? Et quelles seront les consequences pour le systeme de sante ?
– Qui sont les internes ?
Les internes sont des etudiants de troisieme cycle de medecine (a partir de la septieme annee, jusqu’a la douzieme). Ils exercent a plein temps a l’hopital ou en ambulatoire, sous la responsabilite d’un medecin senior.
Pour acceder a l’internat, les etudiants passent un concours en sixieme annee. Le classement y joue un role determinant car il leur permet de choisir, en fonction du rang obtenu, la future specialite et la ville dans laquelle ils effectueront l’internat.
Le nombre de postes ouverts depend du nombre d’etudiants qui concourent et des besoins de sante des territoires.
– 1.500 en moins cette annee ?
Selon le Journal officiel, 7.974 postes ont ete ouverts pour la nouvelle promotion d’internes qui commencera a exercer en novembre, contre 9.484 l’annee derniere, soit 1.510 de moins (-16%).
Mais le manque d’internes « sera plutot d’un millier », analyse Lucas Poittevin, president de l’Association nationale des etudiants en medecine (Anemf).
Une reforme du concours –visant a mieux evaluer les competences pratiques et le parcours– est entree en vigueur cette annee et « deux cohortes d’etudiants » cohabitaient: ceux concernes par les nouvelles modalites d’examen et 662 autres etudiants « affilies a l’ancien systeme », redoublants apres avoir echoue en 2023.
Ces derniers seront affectes via « une procedure distincte ».
– Pourquoi ?
Le gouvernement « n’a pas fait le choix de diminuer » le nombre de postes, a explique mardi dans Ouest-France le ministre delegue a la Sante demissionnaire, Frederic Valletoux. Ce nombre a baisse proportionnellement au nombre d’etudiants inscrits au concours.
Raison de ce decrochage: la fameuse reforme, qui introduit pour la premiere fois une note eliminatoire a l’ecrit, et une epreuve orale.
Une partie de la promotion (7% contre 3% habituellement selon la Conference des doyens de medecine) a strategiquement decide de redoubler sa cinquieme annee, pour ne pas essuyer les platres du nouveau concours.
Selon le gouvernement, environ 2% des candidats ont echoue aux epreuves. Un chiffre similaire aux autres annees.
– Que dit la petition ?
Une petition en ligne lancee par Helene Herubel, etudiante parisienne, et signee par pres de 20.000 personnes, denonce une « profonde injustice » pour la promotion 2024.
Ces etudiants, qui revent d’une specialite depuis des annees (chirurgie, cardiologie, ORL…), estiment avoir ete insuffisamment prepares aux nouvelles modalites, modifiees au milieu de leur cursus, et demandent au gouvernement de rouvrir des postes dans les specialites tres prisees.
Le nombre de postes a ete reduit « sans prendre en compte » leurs souhaits d’orientation, diminuant par exemple « de moitie » les postes en chirurgie plastique, deplorent-ils.
Ainsi Helene Herubel, arrivee « autour du rang 3.000 » au concours, esperait avoir une chance de devenir ORL puisqu’en 2023, « le dernier etudiant pris se situait a 3.300 ». Mais d’apres les premieres simulations, elle « aurait du cette annee arriver dans les 2.400 premiers ».
– Quelles consequences ?
Selon plusieurs syndicats, les internes representent 40% de l’effectif medical hospitalier et leur diminution risque encore d’alourdir la charge de travail et les gardes des praticiens en poste.
Les professionnels « se demandent comment ils vont faire tourner leurs services » alors que « les internes travaillent 59H/semaine en moyenne », explique a l’AFP Guillaume Bailly, president de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni).
« Cette baisse peut inquieter mais ce n’est pas un effondrement », ce chiffre « va normalement se retablir » des l’an prochain, avec l’arrivee des redoublants, a estime mardi sur France Inter Arnaud Robinet, president de la Federation hospitaliere de France (FHF).
Pour pallier le manque, le gouvernement envisage de recourir temporairement a des medecins etrangers.
– Quelles solutions ?
« Plutot que chercher des remplacants pour combler les trous, on demande a ce que les etudiants soient prioritaires », defend Helene Herubel.
Mais rouvrir des postes dans certaines specialites prisees risquerait de priver d’autres specialites d’internes, observe Lucas Poittevin (Anemf). L’executif cherche a « preserver une sorte d’equilibre » entre specialites et territoires, ajoute-t-il, plaidant pour revoir « plusieurs points de la reforme ».
La procedure dematerialisee d’affectation des postes debute vendredi.