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Why You Shouldn't Scratch Yourself

February 1, 2025

Si se gratter en cas de démangeaison est mauvais pour nous, pourquoi est-ce si agréable ? Des chercheurs de l’Université de Pittsburgh (Etats-Unis) ont étudié la dermatite de contact allergique sur des souris pour comprendre les conséquences du grattage sur éruption cutanée. “Se gratter est souvent une expérience agréable, ce qui suggère que, pour avoir évolué, ce comportement doit procurer un certain bénéfice, relève Daniel Kaplan, principal auteur de l’étude. Notre étude contribue à résoudre ce paradoxe en apportant la preuve que se gratter constitue également une défense contre les infections cutanées bactériennes.” Ces résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue Science.

Se gratter fait du bien, temporairement

D’abord, d’où vient la sensation de démangeaison ? Ce sont des terminaisons nerveuses réparties sur la peau qui en sont à l’origine : les pruri-récepteurs. L’information passe par plusieurs neurones avant d’atteindre le cerveau et provoquer l’envie de se gratter. Maintenant, imaginons que nous passons à l’action. Ce comportement soulage, au moins temporairement, la démangeaison. Un autre type de récepteur est en cause : les nocicepteurs, spécialisés dans la douleur.

Cette nouvelle information bloque celle de la démangeaison au niveau de la moelle épinière, ce qui provoque la sensation de soulagement. Mais en contrepartie, l’inflammation s’intensifie, les symptômes s’aggravent et la guérison prend plus de temps. Pour comprendre les moteurs de ce cercle vicieux, l’équipe de Daniel Kaplan a utilisé le modèle murin.

Une augmentation de l’inflammation

Les chercheurs ont utilisé des allergènes pour déclencher une dermatite de contact, provoquant des démangeaisons au niveau des oreilles des souris. “La dermatite de contact allergique est une réaction aux allergènes ou aux irritants, notamment l’herbe à puce et certains métaux comme le nickel. Elle entraîne une éruption cutanée accompagnée de démangeaisons et d’un gonflement », précisent les auteurs de l’étude dans un communiqué de presse. Certains des rongeurs étudiés pouvaient se gratter. D’autres portaient des cônes, comme ceux que les chiens arborent après une visite chez le vétérinaire.

Le troisième groupe était dépourvu de pruri-récepteurs. Résultat : pour le premier groupe de souris, autorisées à se gratter, les oreilles gonflaient et un afflux de cellules immunitaires, appelées neutrophiles, alimentait l’inflammation. “En revanche, l’inflammation et le gonflement étaient beaucoup plus légers chez les souris qui ne pouvaient pas se gratter ou qui ne disposaient pas de pruri-récepteurs,” remarquent les chercheurs.

En réaction au grattage, les neurones sensibles à la douleur libèrent un composé appelé substance P. Cette molécule se fixe alors sur des récepteurs spécifiques et « active » les mastocytes, des cellules immunitaires. Elles provoquent des démangeaisons, et une inflammation en recrutant des neutrophiles. Deux voies stimulent donc la réaction inflammatoire, qui s’accentue. Les symptômes s’aggravent et la guérison prend plus de temps. Pourtant, le grattage procure une sensation de plaisir, les chercheurs ont donc essayé d’identifier le bénéfice que l’on pourrait tirer de cette pratique.

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Mais une meilleure protection contre une bactérie

Les mastocytes sont responsables de nombreuses maladies inflammatoires de la peau, mais ils jouent également un rôle important dans la protection contre les bactéries notamment,” éclairent-ils. Se pourrait-il alors que le grattage affecte le microbiome cutané ? Leurs expériences montrent en effet une quantité moins importante de Staphylococcus aureus, la bactérie la plus courante impliquée dans les infections cutanées. “Ces résultats montrent que le grattage améliore la défense contre le Staphylococcus aureus, ce qui suggère que cela pourrait être bénéfique dans certains contextes”, avance Daniel Kaplan. “Mais les dommages causés à la peau par le grattage dépassent sûrement cet avantage lorsque les démangeaisons sont chroniques.

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Aujourd’hui, leurs recherches se concentrent sur l’étude de nouvelles thérapies contre la dermatite et d’autres maladies inflammatoires de la peau, comme la rosacée et l’urticaire. L’objectif : diminuer l’inflammation en ciblant les récepteurs de mastocytes.

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