« Etre surdoué ou avoir un haut potentiel intellectuel, est-ce le fruit du hasard ou bien cela dépend-il de facteurs humains ? », nous demande N. Diallo sur notre page Facebook. C’est notre Question de la semaine. Merci à toutes et tous pour votre participation.
Le haut potentiel intellectuel (HPI) est défini par un quotient intellectuel (QI) supérieur à 130 et concerne environ 2 % de la population. Le fait d’être HPI n’est ni le fruit d’un pur hasard ni totalement déterminé par des facteurs humains : il résulte d’une interaction complexe entre des bases génétiques et des influences environnementales, comme nous l’expliquions dans notre précédent article « HPI : que dit vraiment la science des champions du QI ?“ , publié en septembre 2024.
Une différence cérébrale dès la naissance
Les recherches scientifiques sur le sujet montrent que le HPI repose sur un développement cérébral atypique, visible dès les premières années de vie. Margaux Courrèges, neuropsychologue au GHU Paris psychiatrie & neurosciences, explique qu’à l’imagerie médicale, le cortex préfrontal des HPI est souvent plus épais, avec une densité neuronale plus importante que dans la population générale. Cette structure, associée à une myélinisation précoce des neurones – une meilleure isolation des fibres nerveuses – permet une transmission rapide de l’information, conférant ainsi aux HPI une capacité d’analyse et de raisonnement accélérée.
Ce développement précoce s’accompagne souvent de caractéristiques observables dès l’enfance : avancée psychomotrice, curiosité insatiable et langage élaboré, comme en témoigne Sébastien, 12 ans, capable de lire avant l’entrée en primaire. Ces éléments illustrent que le HPI n’est pas le fruit du hasard pur, mais résulte d’une base biologique influencée pour 20 à 80% (selon les études) par des facteurs génétiques.
Facteurs sociaux et environnementaux : un rôle crucial
Si la biologie fixe un socle, l’environnement agit comme un catalyseur ou un frein au développement du potentiel. Laurence Vaivre-Douret, spécialiste de neuropsychologie du développement à l’université Paris Cité, clinicienne à l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris et responsable d’une équipe de recherche Inserm, souligne que les HPI, grâce à leur curiosité et empathie précoces, sont sensibles aux interactions sociales et éducatives. Un cadre favorable, stimulant intellectuellement et émotionnellement, peut permettre au haut potentiel de s’épanouir pleinement.
Cependant, l’environnement peut aussi devenir un obstacle. Des préjugés tenaces décrivent les HPI comme hypersensibles ou mal adaptés. Ces stéréotypes, renforcés par des ouvrages comme Trop intelligent pour être heureux de Jeanne Siaud-Facchin (Odile Jacob, 2008), biaisent la perception publique. Pourtant, des études, dont des méta-analyses citées par Nicolas Gauvrit, enseignant-chercheur en sciences cognitives à l’université de Lille, démontrent que les HPI sont en général moins sujets à l’anxiété et à d’autres troubles psychologiques.
Chaque individu HPI est unique
Les profils de HPI sont variés, allant du HPI homogène à des configurations plus disparates. Dans certains cas, des troubles associés comme le TDAH ou l’autisme peuvent accentuer les difficultés sociales ou éducatives. Cela démontre que chaque individu HPI est unique, façonné par une combinaison de prédispositions naturelles et de facteurs externes.
Pour en savoir plus sur le sujet, consultez notre article « HPI : que dit vraiment la science des champions du QI ?“.