La surveillance des maladies virales saisonnières via les eaux usées est un outil de détection révélé au grand public par la pandémie de Covid-19, une longue séquence tragique qui a renforcé la légitimité de ce qu’il faut à présent considérer comme un nouvel outil de surveillance épidémiologique. Grâce à ces eaux issues de nos toilettes, appelées eaux vannes, scrutées quotidiennement, il a été possible d’observer la progression des variants du Covid-19 au sein de la population bien avant l’apparition de variants du coronavirus, et bien avant l’éruption de symptômes chez les habitants de quartiers et/ou de villes entières. Cette surveillance a rendu des résultats bien plus précoces et plus pertinents que l’agrégation des données issues des tests de dépistage. Elle permettait de contourner un angle mort, celui des malades asymptomatiques. Les eaux usées ont donc permis de suivre les tendances et anticiper l’incidence de la maladie dans les communautés.
L’outil, pourtant, n’est pas nouveau. Il a permis dans le passé de pister d’autres pathogènes responsables de la fièvre typhoïde, de la polyomélite. Des molécules de drogues illicites, comme l’ecstasy, la cocaïne, les amphétamines, le cannabis et les tendances addictives ont été également et régulièrement surveillées dans 128 grandes villes européennes par l’Agence de l’Union européenne sur les drogues (EUDA). En France, en sus de la surveillance des maladies respiratoires, le réseau SUM’EAU systématise depuis 2023 la surveillance de maladies telles que la rougeole, la grippe saisonnière ou la bronchiolite dans les eaux de stations d’épuration de France métropolitaine.
