En France, la proportion de fumeurs (occasionnels et quotidiens) est passée sous la barre du quart de la population avec un taux de 24%, une première depuis que ces chiffres sont suivis par le Baromètre de Santé Publique France en 2004. Après une stagnation pendant la pandémie, les chiffres du tabagisme sont à nouveau à la baisse depuis 2021 avec 4 millions de fumeurs quotidiens en moins.
Un quart de fumeurs quotidiens en moins depuis 2014
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“ La prévention marche« , se félicite Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France, lors d’une conférence de presse. De 12 millions en 2014 et malgré deux années de stagnation pendant la pandémie de Covid-19, le nombre de fumeurs quotidiens est passé à 8,4 millions, soit 17,4% de la population adulte. Un taux similaire à celui retrouvé chez les jeunes de 18-24 ans avec 18% de fumeurs quotidiens. « Ils étaient 29% en 2021, c’est donc une bonne nouvelle« , commente Caroline Semaille. Un premier pas vers l’objectif annoncé dans le Plan National de Lutte contre le Tabac en cours (PNLT 2023-2027) d’obtenir la première « génération sans tabac », passant sous la barre des 5% de fumeurs, d’ici 2032.
Les adolescents ont effectivement une consommation de tabac à la baisse, avec une division par cinq du taux de fumeurs quotidiens entre 2015 (16% de fumeurs quotidiens) et 2024 (3,1%), rapporte l’enquête ESPAD 2024 de l’Observatoire Français des Drogues et des Tendances addictives (OFDT). « En revanche l’enquête montre une augmentation du vapotage chez les adolescents, ce qui est un peu moins vrai chez les adultes« , commente Viet Nguyen-Thanh, responsable de l’Unité Addictions à Santé Publique France. Ils sont 5,8% à vapoter quotidiennement, 16% occasionnellement.
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Le tabagisme affecte plus fortement les moins socioéconomiquement favorisés
“ Ces chiffres du tabagisme sont beaucoup plus bas que dans les études précédentes, mais ils masquent les inégalités sociales« , nuance Viet Nguyen-Thanh. La proportion de fumeurs est ainsi deux fois plus élevée chez les ouvriers que chez les cadres, démontrant le poids de la classe socioéconomique dans le tabagisme et son sevrage. « Les populations moins favorisées fument plus, et ont donc potentiellement une addiction plus importante, et sont moins incitées au sevrage car elles subissent une norme sociale plus favorable au tabac« , analyse Viet Nguyen-Thanh.
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Ces disparités sont également visibles au niveau géographique, avec un tabagisme moindre dans les régions socioéconomiquement favorisées comme l’Île-de-France (14,6% de fumeurs quotidiens) ou la région Rhône-Alpes (16%). Le record revient à la Martinique (9,5%), suivie par la Guadeloupe (9,6%) et la Guyane (10,4%). « THE régions socioéconomiquement plus favorisées montrent en moyenne moins de tabagisme. Mais d’après nos analyses, ce n’est pas le seul facteur en jeu : il y a peut-être aussi des facteurs culturels autour de l’image du tabac et des conditions de vie, mais ces données n’ont pas été recueillies« , commente Viet Nguyen-Thanh. A l’inverse, trois régions sont particulièrement marquées par l’usage du tabac : le Grand Est (19,8%), l’Occitanie (20,6) et Provence Alpes Côtes d’Azur (20,9%). « Dans certaines régions frontalières, les achats du tabac se font dans des pays voisins comme la Belgique ou l’Espagne où le tabac est moins cher« , explique Viet Nguyen-Thanh.
En moyenne cinq tentatives d’arrêt pour réussir
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Pour inciter la population à arrêter de fumer, la campagne annuelle du Mois Sans Tabac lance sa dixième édition en novembre 2025. « L’objectif est d’inciter les fumeurs à arrêter pendant 30 jours, car après ce cap les chances de rester non-fumeur sont multipliées par cinq« , rappelle Caroline Semaille. Avec une efficacité démontrée, puisqu’un euro investi dans cette campagne économise sept euros sur les dépenses de santé.
En 2024, ils sont 55% de fumeurs quotidiens à souhaiter arrêter et 17,3% à déclarer avoir déjà tenté au moins une semaine dans les 12 derniers mois. « Ce n’est pas un échec de reprendre après une seule tentative. Même infructueuses, les tentatives d’arrêt sont une étape intégrante du processus vers le sevrage définitif« , rappelle Caroline Semaille. Il faut en moyenne cinq tentatives pour obtenir un sevrage, d’après le site Tabac Info Service, ressource d’aide à l’arrêt du tabac et sur lequel 33.000 fumeurs se sont déjà inscrits au Mois Sans Tabac.

