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“All vulnerable”: stories of survivors of antibiotic-resistant bacteria

September 27, 2024

Cela peut commencer tres banalement, apres une glissade dans la salle de bains ou une blessure en jouant au baseball. Mais une fois qu’une infection par une bacterie resistante aux antibiotiques s’installe, elle peut etre dure a diagnostiquer, et surtout a traiter.

L’antibioresistance, fleau sanitaire souvent sous-estime, pourrait tuer directement 39 millions d’humains dans le prochain quart de siecle, selon une recente estimation. Avant une reunion de haut niveau jeudi, en marge des negociations de l’ONU a New York, trois survivants ont temoigne aupres de l’AFP.

En octobre 2020, le veterinaire John Kariuki Muhia a glisse dans sa salle de bain a Nairobi, la capitale du Kenya, et s’est casse la hanche. On l’a opere pour poser des broches dans l’articulation.

« Immediatement apres, je suis tombe tres, tres malade », raconte-t-il. On lui a administre toute une serie d’antibiotiques, sans succes. Meme scenario pour le retrait des broches. Ses medecins craignaient qu’il ne meure. Et a ce moment-la, il a eu le Covid. « Je me battais pour survivre », souligne-t-il.

Apres cinq mois d’hopital, il est rentre chez lui mais est reste cloue au lit. John Kariuki Muhia estime avoir eu la « chance » d’etudier auparavant la resistance aux antimicrobiens et de la soupconner.

Il a donc fait un antibiogramme, qui a permis de tester 18 antibiotiques differents sur son infection. L’un d’eux a fonctionne et, en novembre 2021, il a ete juge gueri.

Mais il est desormais « handicape a vie », la jambe droite raccourcie de pres de huit centimetres. « Nous sommes tous vulnerables », alerte John Kariuki Muhia, qui doit parler jeudi et appelle a agir.

Pour Anthony Darcovich, tout a commence au debut des annees 2000 en jouant au baseball, lorsqu’il s’est dechire la coiffe des rotateurs de l’epaule droite. Une blessure relativement « ennuyeuse » aux yeux des medecins, raconte cet homme de 34 ans, vivant actuellement a New York.

– Antibioresistance dangereuse –

Il a subi une serie d’operations pour reparer son epaule et faire cesser la douleur. En vain. Avant chaque operation, on lui a administre des antibiotiques courants pour eviter une infection. Apres la septieme operation, les medecins ont detecte dans son epaule une infection resistante aux antibiotiques. Et « chaque operation propageait davantage l’infection », explique-t-il.

Anthony Darcovich a subi 12 autres interventions pour retirer le « materiel infecte », dont des vis et un cartilage greffe. Son articulation a ete « completement detruite », son epaule entierement remplacee par une prothese. Son espoir est desormais d’arriver un jour a « lever le bras a hauteur d’epaule ».

Son cas differe de nombreux autres, car la bacterie ayant infecte son epaule est normalement benigne – elle provoque generalement de l’acne. Mais comme elle etait devenue resistante aux antibiotiques, elle s’est propagee une fois dans l’articulation et a fait des degats.

« Nous avons vecu dans un monde ou, le plus souvent, nous pouvions traiter beaucoup d’infections assez efficacement. Mais, dans un contexte de resistance, ce scenario ne tient plus », souligne Anthony Darcovich, desormais defenseur de patients antibioresistants.

Bhakti Chavan venait, elle, de terminer ses etudes a Bombay, en Inde, en 2017 lorsqu’elle a remarque un gonflement au cou. Son medecin lui a prescrit des antibiotiques, mais le gonflement n’a pas diminue, raconte cette chercheuse de 30 ans.

Apres quelques tests, on lui a diagnostique une tuberculose resistante aux medicaments, une forme courante et dangereuse d’antibioresistance.

Les medicaments de premiere et de deuxieme intention n’ont pas fonctionne, mais elle a eu acces a deux nouveaux medicaments, via Medecins sans Frontieres. Les effets secondaires, souvent eprouvants, l’ont plongee en depression, et la « stigmatisation » entourant la tuberculose l’a dissuadee de parler de sa situation.

Apres deux ans de traitement avec huit antibiotiques differents – dont « des injections quotidiennes douloureuses pendant huit mois » -, Bhakti Chavan est desormais en bonne sante.

Mais elle craint que trop peu de gens, y compris certains medecins, ignorent la menace de la resistance aux antibiotiques.

Pourtant, avertit-elle, « cela peut arriver a n’importe qui ».

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