night shift: eating during the day reduces heart risks

Night shift: Eating during the day reduces heart risks

April 17, 2025

Le travail de nuit représente environ 15% du travail total dans les pays industrialisés. Il concerne des secteurs variés allant des transports, aux soins en passant par l’industrie agro-alimentaire et bien d’autres. Mais le travail de nuit n’est pas sans risque pour la santé cardiovasculaire. Plusieurs études ont permis de faire le lien entre une période de travail nocturne et des risques plus élevés de maladies du cœur.

En cause, une désynchronisation circadienne, c’est-à-dire que l’horloge circadienne centrale de l’organisme n’est plus synchronisée avec les cycles d’éveil et d’endormissement. Mais l’heure des repas pourrait être l’une des clés pour réduire ces effets négatifs. Une récente étude publiée dans la revue Nature Communications montre que chez les travailleurs de nuit qui ne prennent leurs repas qu’en journée, et qui ne mangent donc pas la nuit, le cœur semble être préservé des effets négatifs des postes nocturnes.

Il est trop tôt pour affirmer que les repas diurnes annulent véritablement les effets négatifs du travail de nuit. Mais les travaux réalisés au Mass General Brigham, aux Etats-Unis, vont dans le bon sens, même s’ils n’ont pas été menés directement sur des travailleurs de nuit. Pour cela, 20 participants se sont soumis à une expérience de deux semaines, durant laquelle ils ont tous été maintenus dans un environnement dépourvu de lumière naturelle et d’indices extérieurs sur le moment de la journée. Ni lever du jour, ni accès à des montres ou des appareils électroniques. Ces conditions ont permis d’isoler les effets liés au rythme circadien d’autres facteurs pouvant venir perturber l’expérience.

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Un protocole de suivi très strict

Les participants ont d’abord suivi un « protocole de routine constant », une méthode utilisée dans la recherche sur le rythme circadien, utilisée pour contrôler les variables extérieures comme le sommeil, la lumière ou l’activité physique. Durant cette phase, ils sont restés éveillés 32 heures dans la pénombre, ont gardé la même posture et ont consommé des snacks toutes les heures. Après cette phase, ils ont commencé à simuler le travail de nuit. Tandis qu’un groupe se nourrissait durant la nuit et le jour, l’autre se nourrissait durant le jour uniquement. Pour éliminer toutes les variables, même les siestes étaient réalisées à la même heure dans les deux groupes.

Le groupe contrôle ne s’est pas subitement mis à dormir le jour et être réveillé la nuit mais a été décalé petit à petit, afin que leur horloge circadienne interne soit progressivement désynchronisée. Chaque jour, le cycle veille-sommeil des participants a été décalé de quatre heures jusqu’à ce que le rythme entre les deux groupes ait 12 heures de différence, avec un groupe travaillant le jour et un autre la nuit. « Nous avons ainsi pu reproduire différents cas de figure de travail posté la nuit jusqu’à ce que la différence soit maximale« , raconte à Science and Future le Dr Franck Scheer, neuroscientifique et chercheur à l’Université de Harvard.

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Le système nerveux et les niveaux d’inflammation altérés

Plusieurs indicateurs de risque cardiovasculaire ont été observés durant l’expérience, parmi lesquels la pression sanguine, l’activité du système nerveux végétatif (qui régule les fonctions telles que le rythme cardiaque, la respiration ou la digestion) ainsi que les inhibiteurs de l’activateur du plasminogène de type 1 (PAI-1, une protéine pouvant augmenter le risque de caillots dans le sang).

“ Chez les personnes mangeant de jour comme de nuit, le système nerveux parasympathique était moins activé, or il a un effet protecteur sur l’organisme. (C’est lui qui ralentit le rythme cardiaque et réduit la tension artérielle. Il stimule le tube digestif pour qu’il digère la nourriture et élimine les déchets. L’énergie de la nourriture digérée est utilisée pour restaurer et construire les tissus, ndlr). La réponse « combat-fuite » (« fight or flight response »), qui régule le stress face à un danger, était également perturbée. Enfin, la protéine C-réactive (CRP) qui joue un rôle dans l’inflammation était également plus élevée« , explique le Dr Scheer. Mais chez ceux qui ne mangeaient que durant le jour, ces variables sont restées stables. Et ce, malgré le fait que les deux groupes mangeaient les mêmes aliments au même moment.

Ces travaux comportent toutefois plusieurs limitations, comme un échantillon de participants très faible ainsi qu’une courte durée d’expérimentation. Impossible, avec ces paramètres, de conclure sur les effets à long terme du travail de nuit sur la santé cardiovasculaire. L’équipe est en train de réaliser une étude complémentaire plus réaliste, avec un protocole plus proche du rythme des véritables travailleurs de nuit. Ils veulent cette fois également prendre en compte les effets de la génétique afin d’expliquer les différences entre les participants.

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