On vieillit tous, mais pas à la même vitesse. Un grand nombre de facteurs influencent notre aging, et nous rendent plus ou moins susceptibles de développer des maladies et de mourir prématurément. La génétique, bien sûr, mais aussi notre hygiène de vie, l’exposition à la pollution, etc. Il y a tellement de facteurs différents qu’il est difficile de savoir lesquels pèsent le plus sur notre vieillissement. Une nouvelle étude a tenté de faire le classement de ces facteurs de risque, montrant que le statut socio-économique pèse plus lourd que la génétique et l’hygiène de vie. Ces résultats, qui mettent en avant à quel point l’injustice sociale affecte la santé, ont été publiés le 19 février 2025 dans la revue Nature Medicine.
Un revenu élevé serait l’un des facteurs les plus protecteurs contre les décès prématurés
Pour arriver à cette conclusion, des chercheurs des universités d’Oxford (Royaume-Uni), Harvard et MIT (États-Unis), et Montpellier, ont analysé le génome et l’exposome (c’est-à-dire l’ensemble d’expositions environnementales que nous subissons durant notre vie) de plus de 400.000 Anglais, avec un suivi d’environ 12 ans. Près de 32.000 de ces personnes sont décédées durant l’étude, dont les trois quarts sont morts de façon prématurée (c’est-à-dire avant d’atteindre l’âge de 75 ans).
Les auteurs ont estimé l’influence sur ces morts prématurées de 164 facteurs environnementaux. Les trois facteurs les plus fortement corrélés à ces décès étaient le tabac, le fait d’être locataire de son logement (contre celui d’être propriétaire), et le fait d’être pauvre. En revanche, les facteurs les plus protecteurs étaient le fait de vivre en couple, posséder plusieurs voitures, ainsi qu’avoir un emploi et un salaire élevé. Plusieurs de ces facteurs étant associés (par exemple le nombre de voitures et le niveau du salaire), les auteurs les ont enlevés, trouvant un total de 85 facteurs avec une influence sur le vieillissement.
Les revenus influenceraient la vitesse de vieillissement du corps
Afin de déterminer si ces facteurs ont réellement un impact sur le vieillissement, les auteurs ont aussi analysé le vieillissement biologique de 45.000 participants dont ils avaient ces données. De ces 85 facteurs, seulement 28 d’entre eux avaient un impact aussi sur la vitesse de vieillissement du corps, dont 25 étaient associés à la mortalité.
Cette deuxième analyse confirme les premiers résultats, montrant que les facteurs non génétiques les plus protecteurs sont : avoir un emploi, un haut revenu, faire de l’activité physique, et vivre en couple. Au contraire, les facteurs les plus nuisibles étaient le fait de fumer, de ne pas être propriétaire de son logement, et la fréquence à laquelle l’on se sent fatigué. La prise en compte de facteurs génétiques n’a pas changé ces résultats, mettant en évidence que la génétique ne pèserait pas aussi lourd que l’on pensait sur le vieillissement, et que l’exposome a un impact bien plus important que le génome.
“ Notre étude montre que la part de l’environnement sur la mortalité et le vieillissement est composée de nombreux facteurs interreliés, qui individuellement n’expliquent qu’une petite proportion de la variation sur la mortalité prématurée, mais qui ensemble expliquent une grande partie de cette variation, surpassant l’influence des facteurs génétiques », résument les auteurs. Ces résultats ont été confirmés sur une deuxième cohorte de 55.000 personnes issues du Pays de Galles et de l’Écosse.
Certaines maladies davantage influencées par la génétique
Ceci était aussi le cas de la plupart de maladies liées à l’âge, avec quelques exceptions. La génétique était le facteur le plus important concernant les cancers du sein, de la prostate et du côlon, ainsi que la maladie d’Alzheimer et les autres démences. En revanche, les facteurs non génétiques étaient plus importants concernant le cancer des poumons et d’autres maladies respiratoires telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), ainsi que les maladies du foie et la polyarthrite rhumatoïde. Pour d’autres maladies, les facteurs les plus importants étaient l’âge et le sexe biologique, y compris pour certaines maladies cardiovasculaires.
“ Alors que les gènes jouent un rôle principal dans la santé du cerveau et dans certains cancers, nos résultats soulignent qu’il serait possible d’atténuer le risque de certaines maladies chroniques des poumons, du cœur et du foie, qui sont parmi les plus grandes causes de handicap et de décès dans le monde actuellement, affirme dans un press release Cornelia van Duijn, épidémiologue à l’Université d’Oxford et autrice de l’étude. Notre étude montre que l’on pourrait avoir un impact important sur la santé grâce à des politiques visant à améliorer les conditions socioéconomiques et en encourageant la population à ne pas fumer et à faire de l’activité physique. »