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Face au tabou de la menopause, un centre dedie unique en son genre

septembre 13, 2024

Face au tabou qui entoure encore aujourd’hui la menopause, phenomene physiologique qui touche pourtant toutes les femmes, un centre unique en son genre lutte a Toulouse contre le manque recurrent d’informations.

« Les douleurs articulaires sont un symptome tres classique du debut de la menopause. Or, moins d’une femme sur deux va spontanement rattacher ce symptome a la menopause ».

L’exemple donne par la professeure Florence Tremollieres frappe et illustre l’une des principales missions de l’institution que cette gynecologue et endocrinologue dirige depuis 2011: renseigner pour aider.

« J’ai des patientes qui viennent de Strasbourg, de Lille, de Brest, parce qu’elles ne trouvent aucun medecin qui soit a meme de repondre a leurs questions », soupire la directrice du centre de menopause du CHU de Toulouse, le seul du genre entierement dedie a la question dans l’Hexagone.

En mai, Emmanuel Macron avait pense a elle pour diriger une future mission parlementaire sur la menopause, un sujet, disait-il dans le magazine Elle, dont « on s’est apercu qu’on (le) connaissait tres, tres mal ».

Le projet de mission parlementaire est aujourd’hui « au point mort » du fait des turbulences politiques, selon une source proche du dossier, mais les patientes, elles, continuent d’avoir besoin d’aide.

– Batterie de questions –

Autour de 50 ans, les femmes cessent d’avoir leurs regles: leurs ovaires ne produisent plus d’hormones (oestrogenes et progesterone) et ne delivrent plus d’ovules a intervalle regulier.

C’est la menopause, et y faire face peut relever de l’epreuve. Le corps qui change, l’impression de bascule vers la vieillesse, le tout encore entoure d’un certain tabou.

Sous des neons fatigues, elles sont deux a attendre, ce matin a 7h45, d’etre recues par Christelle Moreau, l’infirmiere du centre.

Armee d’une batterie de questions, cette derniere cherche d’abord a identifier les patientes auxquelles la menopause fait courir un risque sante accru.

Car s’il est une evolution normale du corps feminin, le phenomene n’en comporte pas moins son lot de problemes, dont les plus connus sont les bouffees de chaleur.

Plus grave, la menopause accroit le risque de pathologies comme les maladies cardiovasculaires ou l’osteoporose, reduction de la densite des os accentuant leur fragilite.

D’ou l’insistance de l’infirmiere concernant d’eventuelles fractures subies par ses patientes. Face a elle, Julie Bonjour est un cas d’ecole: elle s’est casse trois fois les chevilles en cinq ans a peine.

« Vous fumez? « , poursuit Mme Moreau. « Oui », repond la patiente, 46 ans, directrice des etudes d’un lycee de la banlieue toulousaine, qui confesse « une quinzaine de cigarettes par jour ».

– Traitement hormonal –

« Ce serait bien d’arreter, car cela a un impact sur les os », reprend l’infirmiere.

La menopause n’etant pas une maladie, il n’y a pas de remede. Mais les femmes menopausees peuvent suivre un traitement hormonal pour prendre le relais des ovaires, surtout quand ceux-ci arretent de fonctionner prematurement.

C’est le cas de Kelly Garcia, 43 ans aujourd’hui, mais qui n’en avait que 30 lorsqu’une chimiotherapie a provoque une « insuffisance ovarienne prematuree ».

« Les femmes sont programmees a recevoir des hormones jusqu’a la cinquantaine, donc si vous etes menopausee avant 40 ans, ca devient une maladie, et comme toute maladie, ca doit se traiter », explique Mme Tremollieres, rappelant que la menopause prematuree peut par ailleurs accroitre les risques d’infarctus et d’Alzheimer.

L’avantage du centre de menopause est qu’apres une prise de sang chez l’infirmiere, les patientes n’ont, dans un ballet bien rode, qu’a traverser le couloir pour atteindre la salle d’osteodensitometrie, nom barbare de l’examen visant a determiner la densite des os.

Habituee des lieux, Kelly Garcia s’y glisse et s’allonge sur le dos tandis qu’un bras robotique scanne son rachis lombaire (le bas de la colonne vertebrale) et son col du femur, tres vulnerables aux fractures.

« D’autres villes n’ont pas cette chance-la » d’avoir un centre de menopause. Et, s’inquiete-t-elle, « certaines patientes se retrouvent completement demunies face aux symptomes qu’elles peuvent avoir ».

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