La « bulle » des Jeux olympiques peut masquer les difficultes par endroits mais comme chaque ete la situation est tendue dans les services d’urgence des hopitaux, avec de nombreuses mesures de regulation voire de fermeture annoncees a travers la France.
Services en grande souffrance
Un peu partout, la presse regionale relate les difficultes des hopitaux a assurer un fonctionnement fluide de leurs services d’urgence, du fait notamment d’un manque d’effectifs endemique mais qui devient criant en periode de vacances. « Deces, jusqu’a soixante-dix heures d’attente… Un ete tendu aux urgences du CHU de Nantes« , ecrivait cette semaine le quotidien Ouest-France. « Au moins 340 lits sont fermes administrativement faute de personnel« , denonce le syndicat FO de cet etablissement, s’inquietant de « nombreux signes d’epuisement » parmi les hospitaliers.
Le Dauphine Libere evoque de son cote un « combat quotidien » dans les hopitaux en Isere pour l’ouverture des urgences l’ete. Temps d’attente interminables, mesures de regulation (pas d’acces aux urgences sans appel prealable du 15) voire fermetures pures et simples du service : les problemes touchent tout le territoire.
« The a cette bulle des Jeux olympiques qui surplombe tout et efface les difficultes« , mais « si on regarde la situation des hopitaux on se rend compte que la situation est au moins egale, voire pire que celle de 2023« , a dit a l’AFP le docteur Marc Noizet, president du syndicat de medecins urgentistes Samu Urgences de France.
En Ile-de-France et dans les autres endroits accueillant des epreuves olympiques, admet-il, « le travail a ete fait pour qu’il y ait des ressources suffisantes« . « Mais dans tout le reste du territoire, les services sont encore et toujours en grande souffrance« , avec des « fermetures perlees« , decrit le medecin.
« Partout on identifie de vraies zones de grande fragilite« , deplore-t-il. Et cela touche « de gros etablissements, comme le CHU de Metz, aux prises avec des difficultes encore pires que l’annee derniere« . Dans l’ouest, le CHU de Caen a connu de gros problemes d’engorgement de ses urgences a la mi-juillet, avec depot d’un preavis de greve – inoperant car suivi de requisitions immediates – par les medecins du service.
« Pas entendable »
« Actuellement, le service fonctionne avec 30 % de l’effectif theorique« , expliquait Florian Michel, un des medecins des urgences du CHU, sur France 3 Normandie. Le CHU de Rennes a pour sa part prevenu que ses urgences, comme celles de deux cliniques privees de l’agglomeration, ne seraient plus accessibles qu’apres avis du 15, entre le 9 et le 18 aout. Une premiere pour ce grand hopital regional.
Le cas de Rennes illustre un phenomene denonce par le Dr Noizet, avec des services d’urgences d’hopitaux prives « qui se donnent la possibilite de fermer » faute de soignants, en reportant la charge sur l’hopital public. « C’est nouveau et ca n’est pas entendable« . Pour le president de Samu Urgences de France, les Agences regionales de sante (ARS) doivent prendre le taureau par les cornes et imposer « une gestion plus efficace des ressources » au niveau de chaque territoire.
Selon une enquete publiee en juillet par la Drees, le service statistique des ministeres sociaux, la France comptait mi-2023 719 services d’urgence, qui avaient recu le jour de l’enquete entre 10 et 290 patients. « Dans un contexte recurrent de manque de personnel« , 54 de ces services d’urgence (8%) « ont du fermer completement au moins une fois entre mi-mars et mi-juin 2023« , dont 23 contraints de fermer en journee et non pas seulement la nuit. Les regions Pays de la Loire, Occitanie et Auvergne-Rhone-Alpes « sont les plus concernees » par ces episodes de fermeture complete, qui ont touche, pour la moitie d’entre eux, les plus petits services (moins de 40 patients par jour en moyenne), notait l’etude.