Après le choc toxique, une nouvelle inquiétude émerge quant aux protections menstruelles : lorsqu’elle est mal positionnée, la cup, alternative durable aux tampons, peut provoquer des problèmes rénaux. Une équipe de médecins danois rapporte le cas d’une jeune femme d’une trentaine d’année pour qui la coupe menstruelle a bloqué le flux d’urine dans la vessie. On parle d’urétérohydronéphrose.
Après l’arrêt de son utilisation, les symptômes ont disparu. « Ces complications sont très rares », souligne Clara Maarup Prip, co-autrice du rapport, pour Sciences et Avenir. L’équipe évoque en effet cinq cas similaires connus. D’après la médecin, il est aussi possible que le nombre de cas soit sous-estimé : « Il n’y a pas de décompte officiel et les études sur les complications liées à la coupe menstruelle manquent cruellement, ce qui rend difficile la possibilité de tirer des conclusions définitives », ajoute-t-elle. Leur rapport a été publié dans la revue BMJ Case Report.
L’urétérohydronéphrose s’explique par une accumulation d’urine
A l’Hôpital Universitaire d’Aarhus (Danemark), se présente une femme d’une trentaine d’années. Elle se plaint de douleurs intermittentes au niveau du flanc droit, et de sang dans ses urines. L’examen montre un gonflement du rein droit et de l’uretère, tube qui évacue l’urine des reins. C’est-à-dire une urétérohydronéphrose. « Cette affection se caractérise par le gonflement d’un ou des deux reins et de l’uretère associé en raison d’une accumulation d’urine », précise Clara Maarup Prip. Elle peut survenir pour diverses raisons : calculs, tumeurs, hyperplasie bénigne de la prostate… Mais sur le cliché, pas de calcul rénal.
Lire aussiTampons et cups : les conseils aux femmes et aux industriels contre le choc toxique
En revanche, les médecins remarquent la présence d’une coupe menstruelle juste à côté de l’ouverture de l’uretère dans la vessie. Ils suggèrent alors à la jeune femme de ne plus l’utiliser et de réaliser un nouvel examen un mois plus tard. Comme espéré, les symptômes ont alors disparu : le rein et l’uretère avaient dégonflé et l’urine s’écoulait normalement des deux reins. “La coupe avait obstrué le flux d’urine de l’uretère droit,” concluent les auteurs.
Reconstruction tridimensionnelle montrant les voies urinaires supérieures dilatées et l’endroit où l’uretère est comprimé par la coupe menstruelle. Crédit : Dr Gratien Andersen.
D’autres cas similaires
Cinq cas très similaires ont été rapportés. Parfois, les femmes ont réutilisé la coupe menstruelle sans que les symptômes réapparaissent, changeant de taille de cup par exemple. D’après les auteurs, la contrainte mécanique exercée sur l’uretère est due à un mauvais positionnement de la protection. « Lorsque la partie terminale des uretères arrive dans la vessie, ils se trouvent à proximité du vagin, ce qui peut affecter le drainage urinaire de l’uretère. Un positionnement correct, ainsi que le choix de la forme et de la taille des coupes menstruelles sont importants pour éviter les effets négatifs sur les voies urinaires supérieures », appuient-ils. « Actuellement, les coupes menstruelles peuvent être achetées et utilisées sans l’avis clinique d’un professionnel de la santé, ce qui souligne l’importance d’une information détaillée et claire destinée aux patientes. »