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La douleur des femmes est sous-estimee par le corps medical

septembre 3, 2024

La douleur est subjective, le mieux place pour la juger est celui ou celle qui la ressent. Pourtant, le corps medical aurait tendance a faire plus ou moins confiance a ce jugement, en fonction du genre de la personne concernee.

Deux etudes recentes montrent en effet que la douleur des femmes est percue comme moins grave que celle des hommes, ce qui peut avoir des consequences graves sur la prise en charge des patientes.

La douleur chez l’homme est percue comme etant plus grave

La premiere etude a ete publiee dans le numero de juin 2024 du European Journal of Emergency Medicine par des chercheurs de l’Universite de Montpellier. Pour celle-ci, 1.563 medecins ou infirmiers devaient evaluer la gravite d’un faux patient qui arriverait aux urgences. Les symptomes des patients etaient toujours les memes (douleur a la poitrine), ainsi que leur histoire medicale (ancien fumeur, avec des evenements passes de depression), la seule chose qui changeait etait leur photo : homme ou femme.

Pourtant, ce meme cas etait evalue differemment en fonction du genre : 62 % des soignants interroges jugeaient que le cas etait grave lorsque le patient etait un homme, contre 49 % lorsqu’il s’agissait d’une femme. Et leur douleur etait aussi vue differemment : sur une echelle de 0 (pas de douleur) a 10 (douleur maximale), elle etait evaluee en moyenne a 5,4 pour les femmes contre 6 pour les hommes.

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Ces resultats ont ete confirmes par une deuxieme etude, publiee le 5 aout 2024 dans la revue Pnas par des chercheurs de l’Universite hebraique de Jerusalem (Israel). Ils ont presente un faux cas medical a 109 infirmiers d’un hopital dans le Missouri (Etats-Unis), le patient en question se plaignant d’une douleur tres forte au dos (que le patient jugeait d’une intensite de 9 sur la meme echelle de 0 a 10). Les infirmiers devaient evaluer la douleur du patient de 0 (pas de douleur) a 100 (douleur maximale). La perception du patient etait plus respectee lorsqu’il s’agissait d’un homme, la douleur etant evaluee a environ 80 sur 100 contre 72 sur 100 si le patient etait une femme.

Et cela etait le cas meme si l’infirmier etait une femme, montrant que ce biais est present dans tout le corps medical, autant chez les hommes que chez les femmes. « Les femmes sont percues comme etant dans l’exageration de leur douleur, alors que les hommes sont vus comme etant plus stoiques face a la douleur », declare a Nature le directeur de l’etude, Alex Gileles-Hillel, en resumant ces resultats.

Une disparite qui a de vraies consequences pour les femmes

Cette sous-evaluation de la douleur feminine a de reelles consequences dans la maniere dont les femmes sont prises en charge aux urgences. La meme etude a analyse les donnees de 21.000 personnes etant passees par les urgences d’hopitaux en Israel ou aux Etats-Unis entre 2015 et 2019. Lorsque la visite aux urgences etait due a une douleur sans cause apparente (donc pas apres un accident, par exemple), la douleur ressentie (cette fameuse echelle entre 0 et 10) etait enregistree par le personnel soignant 10 % moins frequemment pour les femmes que pour les hommes.

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Par consequent, les femmes avaient une moindre probabilite de recevoir des medicaments contre la douleur : 38 % d’entre elles en ont beneficie, contre 47 % des hommes. Et elles attendaient en moyenne 30 minutes de plus aux urgences avant d’etre prises en charge. Ces differences de traitement etaient observees autant en Israel qu’aux Etats-Unis.

Cette etude met en evidence un biais inquietant dans la perception et le traitement de la douleur des femmes, qui pourrait avoir des consequences graves sur leur sante, selon les auteurs. Qui soulignent l’importance de prendre en compte ces biais psychologiques dans le corps medical pour assurer une prise en charge optimale de tous les patients, peu importe leur genre.

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