La simple observation de la forme du coeur pourra-t-elle un jour predire le risque cardiovasculaire ? Oui, repond une etude originale recemment publiee dans la revue Nature. Pour la premiere fois, ce travail mene par plusieurs institutions, espagnoles et britanniques, comme l’Universite Queen Mary et le King’s College de Londres (Royaume-Uni), offre en effet de nouvelles perspectives sur la sante cardiaque et sa prevention. Ici, les chercheurs se sont interesses non pas simplement a la taille et aux volumes des cavites cardiaques comme d’autres etudes par le passe mais tout particulierement a la forme du coeur.
Pour cela, ils ont etudie les images IRM cardiovasculaires de plus de 40.000 individus, toutes issues de la vaste base de donnees UK Biobank, afin de creer des modeles 3D des ventricules. Leurs analyses statistiques ont permis d’identifier pas moins de 11 formes decrivant les principales variations du contour du coeur. Ces analyses d’imagerie ont ete poursuivies par des analyses genetiques qui ont mis en evidence 45 zones specifiques du genome humain, toutes liees a differentes formes de coeur. Et comme le precisent les chercheurs dans leur communique, 14 d’entre elles sont inedites et n’avaient ainsi jamais a ce jour ete identifiees comme influencant les caracteristiques cardiaques.
Les 11 formes du coeur identifiees. Credits : Richard Burns et al., Nature Communications, 2024.
« De nouvelles informations sur la facon dont nous envisageons le risque de maladie cardiaque »
« Cette etude apporte de nouvelles informations sur la facon dont nous envisageons le risque de maladie cardiaque« , commente dans le communique Patricia B. Munroe, professeur de medecine moleculaire a Queen Mary et co-auteur de l’etude publiee dans la revue Nature. « Nous savions depuis longtemps que la taille et le volume du coeur etaient importants, mais en examinant sa forme, nous decouvrons de nouvelles perspectives sur les risques genetiques. Cette decouverte pourrait fournir aux cliniciens des outils supplementaires precieux pour predire la maladie plus tot et avec plus de precision ».
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Les maladies cardiovasculaires, principale cause de deces au niveau mondial
Avec ce travail, c’est sans doute un nouveau chapitre qui s’ouvre sur la comprehension de l’influence de la genetique sur le developpement du coeur. Reste a savoir comment en integrer les resultats dans la pratique clinique afin qu’ils puissent aider le plus grand nombre de patients. La tache sera vaste, mais essentielle, les maladies cardiovasculaires etant la principale cause de deces au niveau mondial avec pres de 18 millions de deces par an, selon l’Organisation mondiale de la Sante.