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La grippe met les hopitaux sous tension

janvier 7, 2025

Le dynamisme cet hiver de la grippe saisonniere et les autres affections respiratoires mettent les hopitaux en tension un peu partout en France meme si l’ampleur de l’epidemie reste encore a determiner.

Si le ministere de la Sante n’est pas en mesure de donner une estimation du nombre d’hopitaux en « plan blanc », au moins une vingtaine d’etablissements hospitaliers en France les ont declenches face a l’afflux de malades dans leurs services d’urgence, selon un decompte fait par l’AFP a partir d’informations publiees en ligne par les etablissements ou l’administration.

Ces plans permettent aux hopitaux de prendre des mesures exceptionnelles pour faire face a un afflux de patients, comme la deprogrammation de certaines operations, la re-affectation ou le rappel de personnels en conges.

Selon plusieurs sources, ce decompte est probablement sous-estime. « Rien que dans les Pays-de-la-Loire, on a 6 plans blancs », indique a l’AFP Dominique Savary, le chef des Urgences d’Angers.

« On a le sentiment que c’est plus fort qu’habituellement », commente de son cote Agnes Ricard-Hibon, porte-parole du syndicat Samu-Urgences de France (SUDF), qui va lancer une enquete pour quantifier le phenomene.

– « Tensions inhumaines » –

« Le probleme majoritaire, c’est le manque de lits d’hospitalisation, comme toujours », poursuit-elle, appelant a « anticiper » ces « crises hivernales previsibles ». « Il faut reserver un nombre de lits dans les services pour l’activite des urgences », une solution « connue » qui tarde a se mettre en place, regrette-t-elle.

La situation met en souffrance les personnels, comme au CHU de Nantes, qui a declenche un plan blanc lundi. Dans une lettre ouverte a la direction, le syndicat FO denonce des temps d’attente atteignant desormais 20 a 30 heures et un « contexte de tensions inhumaines ou plusieurs patients ages attendent desesperement un lit ».

Dans les Samu et services d’acces aux soins (SAS) qui repondent aux appels au « 15 », « l’activite est en hausse de 10 a 15% », et dans « beaucoup d’endroits », le temps moyen de decrochage des appels depasse la minute, deplore Jean-Francois Cibien, urgentiste a Agen et vice-president de SUDF.

Pour la derniere semaine de 2024, les syndromes grippaux ont represente 18,2% des actes de SOS medecins et 4,9% des passages aux urgences  (AFP/Archives - Philippe LOPEZ)
Pour la derniere semaine de 2024, les syndromes grippaux ont represente 18,2% des actes de SOS medecins et 4,9% des passages aux urgences (AFP/Archives – Philippe LOPEZ)

Le nouveau ministre de la Sante Yannick Neuder, interroge a Rennes en marge d’un deplacement, a reconnu que cette multiplication de plans blancs « traduit bien l’etat de tension dans lequel se retrouve notre systeme de sante ». « Une de mes priorites sera de favoriser tout ce qui peut produire du soin sur le territoire », pour « eviter le recours systematique aux urgences ».

– Epidemie « dans la fourchette haute » ? –

L’epidemie de grippe apparait dynamique, mais son ampleur exacte reste a determiner. « A voir les chiffres, ce n’est pas monstrueux, mais on est dans une taille d’epidemie qui sera probablement dans la fourchette haute cette saison », indique a l’AFP le virologue Bruno Lina, membre du Covars (comite de veille et d’anticipation des risques sanitaires).

« Chez les adultes jeunes, le virus H1N1, ca tape, avec des formes cliniques assez marquees », notamment des gens qui « sont parfois 48h ou 72h au lit, avec l’impression d’etre epuises au point de ne pas arriver a se lever », ajoute-t-il.

Il observe qu’apres les enfants et les moins de 50 ans, les personnes agees, plus a risque d’hospitalisation, sont de plus en plus touchees.

Pour Marie-Anne Rameix-Welti, responsable du Centre national de reference des infections respiratoires (Institut Pasteur), l’intensite de l’epidemie est « comparable aux annees precedentes », mais « on ne sait pas encore si l’on a atteint le pic. Il faut voir ce qui se passe dans les deux semaines a venir ».

En revanche, « cette annee, il n’y a pas de superposition avec d’autres virus comme le VRS (principal virus a l’origine de la bronchiolite), qui a baisse, et le Covid, qui est bas », ajoute-t-elle.

En France, l’integralite de la metropole a bascule dans une situation epidemique de grippe dans le sillage de Noel, avec le passage du seuil de 173 cas pour 100.000 habitants. C’est un peu plus tot que les annees precedentes.

Pour la derniere semaine de 2024, les syndromes grippaux ont represente 18,2% des actes de SOS medecins, 4,9% des passages aux urgences et 4,2% des hospitalisations apres passage aux urgences, selon Sante publique France.

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