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La pollution de l’air altere la structure du cerveau des enfants

octobre 30, 2024

C’est une evidence, l’air pollue est mauvais. Pourtant, ce n’est que depuis recemment que l’on commence a apprehender a quel point la pollution atmospherique represente un danger pour notre sante. Elle augmenterait le risque de developper des maladies respiratoires et cardiovasculaires, et serait ainsi responsable de millions de deces prematures de par le monde.

Plus recemment, les experts commencent a voir que le cerveau n’est pas epargne par la pollution, qui augmenterait le risque de maladies neurologiques telles que la maladie d’Alzheimer.

Et cet impact nuisible serait visible des l’enfance. Deja en 2017, une etude montrait que les enfants exposes a un air pollue avaient une memoire moins performante. Depuis, un grand nombre d’etudes a elucide les consequences de la pollution de l’air sur le developpement du cerveau, montrant a quel point elle est nefaste.

Ces travaux ont ete resumes par des chercheurs de l’Universite de Californie a Davis (Etats-Unis) dans une revue parue en octobre 2024 dans le journal Developmental Cognitive Neuroscience.

L’exposition a la pollution atmospherique a un jeune age causerait des alterations du cerveau

Une quarantaine d’etudes ont ete analysees, la majorite venant de l’Europe, des Etats-Unis, et du Mexique. Pres de la moitie d’entre elles s’interessaient aux consequences de la pollution de l’air sur la structure du cerveau des enfants, avec des resultats alarmants. Car elles mettent en evidence que l’exposition a un air pollue cause des alterations visibles du cerveau, notamment du volume de certaines regions.

Par exemple, des analyses d’imagerie par resonance magnetique (IRM) montrent que l’exposition a l’air pollue avant la naissance (in utero) ou durant la premiere annee de vie etait associee a une diminution du volume de matiere grise dans le cervelet (important pour la motricite et la cognition) a l’adolescence.

C’est aussi le cas d’autres regions du cerveau, dont la taille diminuerait a cause de la pollution de l’air. Les auteurs de la revue previennent neanmoins que davantage d’etudes sont necessaires pour mieux comprendre ces consequences, car elles semblent varier en fonction du polluant en question et de l’age lors de l’exposition.

Ces alterations commencent au niveau moleculaire

D’autres etudes ont analyse de plus pres l’impact de la pollution sur le cerveau. Certains ont observe le fonctionnement des reseaux de neurones, avec des techniques telles que l’IRM de diffusion (qui permet d’observer la connectivite cerebrale) et l’IRM fonctionnelle (qui permet de voir l’activite du cerveau).

La premiere technique a mis en evidence des alterations de la microstructure de la substance blanche, la partie interne du cerveau qui connecte les differentes regions de substance grise (le cortex, en peripherie du cerveau). Alors que l’IRM fonctionnelle montrait des alterations de la maturation des reseaux de neurones et leur connectivite.

D’autres techniques ont montre une association entre la pollution de l’air et des alterations dans le metabolisme du cerveau. Ainsi que des modifications au niveau de la methylation de l’ADN dans des genes lies au developpement neuronal.

C’est-a-dire que l’exposition a de la pollution atmospherique avant la naissance et pendant l’enfance affecterait l’expression de ces genes, et pourrait ainsi causer des alterations dans le developpement du cerveau. Ce qui pourrait expliquer les differences observees dans la structure du cerveau et la connectivite des neurones.

La pollution de l’air augmente le risque de cancer du systeme nerveux central

Ces alterations dans le cerveau causees par la pollution atmospherique pourraient avoir des consequences graves pour la sante, en augmentant notamment le risque de developper une tumeur.

Huit etudes ont analyse ce risque, montrant qu’il y a une plus haute incidence de tumeurs du systeme nerveux central dans les zones geographiques les plus exposees a la pollution de l’air. Et quatre etudes portant sur des autopsies revelaient que dans ces zones plus exposees a la pollution, les corps etudies montraient davantage de dommages vasculaires et structuraux au niveau du cerveau.

« Beaucoup des specialistes du developpement du cerveau, qu’ils etudient l’autisme, la maladie d’Alzheimer ou autre, ne prenaient pas en compte les facteurs environnementaux, pensant que la genetique ou d’autres facteurs non lies a la pollution de l’air etaient les seules causes », regrette dans un communique Anthony Wexler, auteur de la revue et directeur du Centre de recherche sur la qualite de l’air a l’Universite de Californie a Davis.

Il espere que les preuves apportees par toutes ces etudes changeront la donne et que ce nouvel eclairage nous aidera a apprehender (et peut-etre eviter) l’impact nefaste de la pollution de l’air sur le developpement cerebral et la sante du cerveau tout au long de la vie. Une urgence, qui devient aussi une evidence.

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