Bouger pour moins manger ! En voilà une nouvelle raison de vous mettre au sport, si jamais il vous en fallait une de plus. On sait déjà que l’activité physique a plein d’effets positifs pour le corps, notamment qu’elle aide à brûler des calories et ainsi à affiner la silhouette et à perdre du poids. Une étude de l’Université de Floride du Sud et du Collège de médecine Baylor au Texas, aux États-Unis, vient de montrer un nouveau superpouvoir de l’exercice physique : diminuer l’appétit ! Bouger le corps nous aide donc à brûler nos graisses et à en consommer moins, c’est du gagnant-gagnant sur toute la ligne. Mais comment le sport fait-il pour réguler la faim ? Grâce à une molécule qui nous fait du bien… et qui paradoxalement, est produite par une autre ayant, au contraire, la réputation de nous faire du mal. Cette découverte surprenante a été publiée le 16 septembre 2025 dans la revue Nature Metabolism.
Lac-Phe, une molécule produite lors de l’exercice physique
Lors d’une activité physique intense, les muscles ont besoin d’une grande quantité d’énergie très rapidement. Les mitochondries, qui produisent la majorité de l’énergie cellulaire en brulant de l’oxygène, sont dépassées (car l’oxygène s’épuise) et la glycolyse anaérobie (qui brûle du glucose sans utiliser d’oxygène) prend le relais. Cette voie métabolique finit par générer du lactate, une autre source d’énergie. Mais ce lactate peut aussi devenir de l’acide lactique, qui en s’accumulant, entraine de la fatigue musculaire. Toutefois, cette accumulation a aussi un effet positif : une partie du lactate est transformé en lactoylphénylalanine (ou Lac-Phe), une molécule coupe-faim qui agit directement sur le cerveau pour diminuer l’appétit.
Lac-Phe coupe la sensation de faim
Les chercheurs ont montré chez la souris que le Lac-Phe agit sur des neurones de l’hypothalamus, structure cérébrale qui intervient dans plusieurs processus, dont la faim. Deux types de neurones participent à ce processus, dans deux régions distinctes : les neurones AgRP (car ils produisent une molécule messagère nommée ainsi) qui stimulent la sensation de faim, localisés dans le noyau arqué de l’hypothalamus ; et les neurones PVH, car situés dans le noyau paraventriculaire de l’hypothalamus (PVH), qui au contraire, diminuent l’appétit. Quand le corps veut manger, les premiers (AgRP) inhibent les deuxièmes (PVH), créant une sensation de faim. Mais lorsque les AgRP ne s’activent plus, ce sont les PVH qui peuvent s’activer, coupant cette sensation. Et c’est précisément ce que fait la molécule Lac-Phe : elle inhibe les neurones AgRP, permettant l’activation des PVH et donc réduisant l’appétit.
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Le cercle vertueux de l’activité physique…
Une fois produit dans les muscles sous l’effort de l’activité physique, Lac-Phe entre dans la circulation sanguine et peut ainsi atteindre le cerveau. Sa cible (ou au moins une de ces cibles) est un canal potassique à la surface des neurones AgRP, qui régule l’activité de ces neurones. Ainsi, Lac-Phe appuie sur cet interrupteur, éteignant ces neurones et libérant donc les PVH, qui vont ensuite dire au cerveau que le temps du repas est passé.
Cette molécule s’avère cruciale pour la régulation du métabolisme après l’activité physique, car elle indique au cerveau que le corps n’a pas besoin de manger, malgré la perte calorique qu’il vient de subir à cause de l’effort. L’exercice déclenche ainsi un cercle vertueux, où l’on perd des calories et l’on ne les remplace pas entièrement, permettant une perte nette qui ne serait pas possible si après chaque séance de gym, on mourait d’envie de se rendre dans un fast-food.
… bientôt en pilule ?
Non seulement cette découverte permet d’identifier le mécanisme précis par lequel l’exercice génère ce cercle vertueux, mais elle pourrait aussi ouvrir la porte a des potentielles alternatives pharmaceutiques qui imiteraient cet effet. Aura-t-on enfin trouvé la façon d’avoir les bénéfices du sport sans faire le moindre effort ? Il est permis de douter, puisque la liste de pilules « miracle » qui mimeraient les effets positifs du sport est déjà longue, sans hélas aucun succès réel… au moins pour le moment.