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L’aorte, un « deuxième cœur » qui assiste la circulation sanguine

février 19, 2025

Le cœur n’est pas le seul organe impliqué dans la propulsion du sang. Depuis longtemps, les chercheurs savent que l’aorte, ce gros vaisseau qui sort du ventricule cardiaque gauche et distribue le sang oxygéné dans tout le corps, possède des propriétés élastiques qui amortissent les variations de pression. Mais une équipe de scientifiques vient de démontrer que son rôle est plus important encore. Grâce à des mesures réalisées avec des IRM sur des patients et à des expériences en laboratoire, ils ont mis en évidence un effet de pompage indépendant du cœur, produit par l’étirement et le relâchement de ce gros vaisseau sanguin.

Pompage par onde

Une étude publiée dans le Journal of the Royal Society Interface révèle en effet que l’aorte génère un effet de pompage qui pourrait compléter l’action cardiaque grâce à son étirement et à son relâchement successifs. Ce phénomène, appelé « pompage par ondes », repose sur la capacité de l’aorte à stocker de l’énergie lors de la contraction du cœur (systole) et à la restituer durant sa relaxation (diastole).

Pour vérifier cette hypothèse, les chercheurs ont pu mesurer, avec des IRM cardiaques, le déplacement longitudinal de l’aorte chez 159 volontaires, et comparer des individus en bonne santé à des patients souffrant d’insuffisance cardiaque. Leurs résultats suggèrent que ce mécanisme pourrait jouer un rôle dans l’efficacité de la circulation sanguine. En laboratoire, des modèles artificiels d’aorte ont permis de simuler ce phénomène, confirmant que l’étirement et le relâchement de l’aorte peuvent générer un flux sanguin net, influencé par la fréquence des battements du cœur et la rigidité de la paroi aortique.

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Une piste pour traiter l’insuffisance cardiaque

Si ce pompage aortique assiste naturellement la circulation sanguine, son efficacité pourrait être réduite chez certains patients, notamment ceux souffrant d’insuffisance cardiaque ou de calcification de l’aorte. Une piste envisagée serait d’exploiter ce mécanisme pour alléger la charge du cœur chez les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque, soit par des interventions mécaniques, soit par des traitements médicamenteux ciblant l’élasticité de l’aorte. Actuellement, certains médicaments antihypertenseurs modifient déjà la rigidité artérielle, mais leur effet sur ce pompage par ondes reste à explorer.

Ce phénomène pourrait également expliquer pourquoi certains cœurs fatigués parviennent à maintenir une circulation sanguine suffisante : l’aorte compenserait en partie la perte d’efficacité cardiaque. À terme, une meilleure compréhension de ce mécanisme pourrait ouvrir la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques pour améliorer la prise en charge des maladies cardiovasculaires.

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