le-jeune-intermittent-pourrait-etre-dangereux-chez-les-jeunes

Le jeûne intermittent pourrait être dangereux chez les jeunes

mars 4, 2025

De plus en plus d’études, principalement chez des modèles animaux, montrent que le jeûne intermittent pourrait être protecteur pour la santé des adultes et des seniors. Cette forme de restriction alimentaire, où l’on ne mange pas pendant au moins 12 heures chaque jour, augmenterait par exemple la durée de vie chez la souris, et elle protégerait contre des maladies cardiovasculaires et des maladies métaboliques.

A condition de ne pas trop tenir à ses cheveux, le jeûne intermittent semble donc être une bonne approche préventive pour sauvegarder sa santé à long terme. Raison pour laquelle cette approche a de plus en plus d’adeptes, y compris chez les adolescents. Pourtant, les études précédentes ont été faites sur des adultes et donc on ne sait pas encore si ces mêmes effets bénéfiques s’appliquent aussi chez les jeunes. Des chercheurs allemands du centre de recherche Helmholtz Zentrum à Munich et de l’université Louis-et-Maximilien de Munich ont tenté d’explorer ce sujet, avec des résultats inquiétants.

L’effet du jeûne intermittent sur le métabolisme serait différent chez les adolescents

Dans leur étude, publiée le 25 février 2025 dans la revue Cell Reports, ils ont étudié l’effet du jeûne intermittent sur des souris adolescentes (2 mois d’âge), adultes (8 mois), et seniors (18 mois). Dans chaque groupe d’âge, une partie des souris suivait ce jeûne intermittent pendant 5 ou 10 semaines, pour évaluer aussi l’effet de suivre une telle restriction alimentaire sur une longue durée. Comparées à des souris sans restriction alimentaire, les souris avec un jeûne de longue durée ont toutes perdu du poids. Ce qui était le cas seulement pour les souris jeunes pour le jeûne de courte durée, montrant une première différence entre les souris adolescentes et les adultes.

Le jeûne intermittent à court terme avait un effet bénéfique sur le métabolisme à tous les âges, améliorant notamment la glycémie (taux de glucose dans le sang) et la sensibilité à l’insuline. Mais sur une durée longue, cet effet positif était observé uniquement chez les souris adultes et non chez les adolescentes. Confirmant que l’impact du jeûne intermittent sur le métabolisme n’est pas le même en fonction de l’âge.

Le jeûne intermittent affecte la croissance des cellules pancréatiques chez les jeunes

Pour comprendre ces différences, les auteurs ont étudié de plus près le fonctionnement des cellules bêta pancréatiques, qui sécrètent l’insuline et donc jouent un rôle prépondérant dans le métabolisme. Le jeûne intermittent de long terme améliorait leur activité chez les souris âgées, mais avait en revanche un impact négatif chez les souris jeunes. Le nombre d’îlots pancréatiques (qui contiennent les cellules bêta productrices d’insuline) diminuait chez ces souris jeunes, ainsi que leur contenu en insuline. « Le jeûne intermittent est normalement bénéfique pour les cellules bêta, donc on a été surpris de découvrir que les souris jeunes produisaient moins d’insuline après le jeûne intermittent de longue durée », déclare dans un communiqué Leonardo Matta, premier auteur de l’étude.

L’effet de ce jeûne est donc très différent entre les souris âgées et les souris jeunes : chez les premières, il améliore leur métabolisme, probablement en réparant certains dégâts causés par le vieillissement ; mais il était nuisible pour le métabolisme des adolescents, chez qui il n’y a pas encore de dégâts à réparer. Car l’un des effets du jeûne intermittent est qu’il améliorerait la capacité de recyclage des cellules, les aidant à se renouveler. Ce qui serait surtout important plus tard dans la vie, mais pas à ses débuts, quand ce processus fonctionne déjà assez bien. Au contraire, chez les jeunes, le jeûne intermittent à long terme diminuait la prolifération des cellules pancréatiques, causant donc l’effet inverse que chez les seniors. « Pendant la période de développement et maturation, le jeûne intermittent pourrait perturber le flux de nutriments et l’équilibre hormonal nécessaires à la différenciation des cellules et au développement des organes », préviennent les auteurs.

La maturation des cellules est perturbée à cause du jeûne intermittent

Cette diminution de la croissance des cellules pancréatiques était causée par le blocage de plusieurs gènes impliqués dans la maturation de ces cellules (ce qui était le cas seulement chez les souris jeunes). Cette diminution de l’activité de certains gènes était similaire à celle observée chez les personnes avec un diabète de type 1, où le pancréas ne produit plus assez d’insuline pour contrôler la glycémie. « Notre étude confirme que le jeûne intermittent est bénéfique chez les adultes, mais il pourrait être risqué pour les enfants et les adolescents, conclut Stephan Herzig, directeur de l’étude et directeur de l’Institut de diabète et cancer au Helmholtz Zentrum. La prochaine étape sera d’explorer plus en profondeur les mécanismes moléculaires derrière cette observation. »

fr_FRFrench