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Le sujet sensible de l’aide a mourir revient devant le Parlement britannique

octobre 18, 2024

Pres de dix ans apres l’echec d’une precedente tentative, une proposition de loi pour legaliser l’aide a mourir pour les personnes malades en stade terminal a ete presentee mercredi par une deputee travailliste a la Chambre des Communes britannique.

« C’est un grand jour » et « le debut d’un nouveau chapitre », a declare la deputee Kim Leadbeater, venue mercredi matin remercier des militants de l’association Dignity in Dying (Dignite face a la mort) rassembles devant le Parlement.

En debut d’apres-midi, elle a presente sa proposition de loi intitulee « Terminal ill adults +end of life+ bill » (« Projet de loi pour la fin de vie des adultes malades en phase terminale »), confirmant que son texte sera debattu le 29 novembre.

Avant d’arriver au pouvoir cet ete, le Premier ministre travailliste Keir Starmer s’etait engage a permettre au Parlement de se prononcer sur l’aide a mourir. Le precedent vote a la chambre basse remonte a 2015.

Le suicide assiste ou assistance au suicide est illegal en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord et fait encourir une peine de 14 ans de prison en cas d’aide ou d’incitation.

En Ecosse, il n’est pas criminalise en tant que tel mais une personne aidant quelqu’un a mourir peut etre poursuivie pour homicide volontaire.

Les details de la proposition de loi ne sont pas encore connus, mais elle devrait conditionner le recours au suicide assiste a l’approbation de deux medecins et d’un juge.

– « Garanties et protections » –

Comme dans d’autres pays ou la legalisation d’une aide medicale a mourir a ete debattue, le sujet est delicat au Royaume-Uni, entre ses partisans qui defendent un droit a « mourir dignement » et ses opposants qui craignent d’eventuelles derives.

« Je pense que le moment est venu d’avoir ce debat », a defendu Kim Leadbeater aupres de l’AFP, assurant que son texte inclura « des garanties et des protections robustes et sures ».

Anil Douglas est venu soutenir la deputee. Son pere, Ian, atteint d’une sclerose en plaque, s’est suicide en 2019 sans en parler a ses proches pour eviter toute repercussion penale pour eux.

« Sa mort a ete terrible, elle a eu lieu dans le secret, la solitude et le danger, et si la loi avait ete differente (…) il aurait ete beaucoup plus en securite », estime Anil.

Keir Starmer a precise qu’il n’y aurait pas de consignes de vote sur ce texte.

L’archeveque de Canterbury Justin Welby, chef spirituel des anglicans, a mis en garde contre une « approche dangereuse », qui « dans tous les autres endroits ou elle a ete adoptee, mene sur un terrain glissant ».

Les Britanniques sont majoritairement favorables a une modification de la loi, selon plusieurs sondages.

Selon le dernier en date, realise par le King’s College de Londres et publie la semaine derniere, 63% des personnes interrogees soutiennent une legalisation de l’aide medicale a mourir d’ici a cinq ans.

– « Un veritable choix » –

« Cette loi est necessaire parce que les personnes mourantes ont besoin de pouvoir choisir leur fin de vie », argumente Sarah Wootton, presidente de Dignity in Dying, soulignant l’inegalite entre ceux ayant les moyens de se rendre a l’etranger pour obtenir un suicide assiste et la majorite qui « souffrent ici ».

« L’accent devrait etre mis sur l’amelioration des soins palliatifs », plaide en revanche Alistair Thompson, le porte-parole de l’association Care Not Killing (Prendre soin plutot que tuer) qui s’oppose au suicide assiste. Il voit un risque de « mettre la pression sur de nombreuses personnes pour mettre fin a leur vie prematurement ».

M. Thompson deplore aussi le « chemin dangereux » emprunte par certains pays ou l’aide medicale a mourir a ete progressivement elargie.

Plusieurs territoires rattaches a la Couronne prennent egalement des initiatives pour faire evoluer leur droit.

En mai, le Parlement de l’ile anglo-normande de Jersey a valide la preparation d’ici a 2027 d’un texte de loi en vue d’une aide a mourir ouverte aux malades en phase terminale. Des textes sont actuellement examines sur l’Ile de Man et en Ecosse, qui dispose de pouvoirs delegues en matiere de sante.

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