57% des Français ignorent ou se trompent sur les limites de décibels à ne pas dépasser pour préserver son audition. Démontrant une méconnaissance de la population sur la santé auditive. C’est ce que constate le sondage “Les Français et le Bruit” mené par OpinionWay, pour l’Association « La Semaine du Son« . Pourtant, les niveaux de décibels à ne pas dépasser, pour protéger sa santé, se situent entre 40 et 60, soit à peu près les niveaux sonores d’un bureau tranquille à un marché animé, selon l’observatoire du bruit en Île-de-France BruitParif.
En effet, toujours selon le sondage d’OpinionWay, 72% des Français se sentent stressés par le bruit. Lors d’une conférence de presse, le 22 janvier 2025, Eléonore Quarré, responsable des études Société d’OpinionWay, explique que “le bruit représente une source de stress majeur”. Cependant, pour le professeur Paul Avan, directeur du Centre de Recherche et d’Innovation en Audiologie Humaine (CERIAH), “il y a ambiguïté entre les sons dangereux et les sons nuisibles”.
Par exemple, pour 47% des Français, la discussion téléphonique de quelqu’un d’autre dans l’espace public est considérée comme nuisible. Cependant, “ce n’est pas parce que le bruit est agaçant qu’il est forcément dangereux”, constate le professeur. Les bruits de chantier, les sons émis par les deux-roues et plus généralement les sons de circulation peuvent constituer des nuisances sonores, sans pour autant entraîner un danger s’ils ne sont pas prolongés. Ainsi, il ajoute qu’ “un bruit, même de très faible niveau, peut entraîner des difficultés, ou un stress pour effectuer une tâche et devenir dangereux pour les oreilles si on y est exposé trop longtemps”.
© Damien Hypolite / Sciences et Avenir
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Seulement 25% des Français estiment avoir une bonne audition
De plus, le sondage révèle que 49% des Français souffriraient d’une perte auditive liée à l’exposition au bruit et 44% d’acouphènes. Pourtant, peu d’entre eux “connaissent les dangers réels du bruit et ses limites”, déplore Eléonore Quarré. Ainsi, seulement 54% des Français disent se sentir bien informés sur la santé auditive et seulement 25% estiment avoir une bonne audition.
Qu’est-ce qu’un acouphène ?
Selon l’Assurance Maladie, un acouphène est un bruit, sifflement, bourdonnement, grésillement… que l’on entend dans une ou les deux oreilles sans qu’il ait été émis par une source extérieure. En France, environ 23 millions de personnes font ou ont fait l’expérience d’acouphènes, d’après un sondage Ifop de 2024.
Pourtant, “une perte d’audition intervient bien plus souvent avant que l’on ne s’en rende compte”, estime la professeure Christine Petit, responsable du laboratoire d’Innovations en thérapie de l’audition de l’Institut Pasteur. En effet, d’après elle, le seuil auditif (c’est-à-dire l’intensité en dessous de laquelle les bruits sont inaudibles et nous permettent de nous rendre compte des niveaux sonores nous entourant) “peut longtemps ne pas être modifié alors que la cochlée (partie de l’oreille interne assurant l’audition, ndlr), entame déjà une baisse de l’audition”. Ainsi, notre audition peut commencer à baisser sans que l’on s’en rende compte, car c’est à l’intérieur de l’oreille que le processus débute.
Enfin, pour la professeure Christine Petit, « la survenue d’une perte auditive entre 40 et 50 ans est un indicatif de maladies dégénératives futures ». En effet, même si pour l’instant le lien entre la perte d’audition et les maladies dégénératives, notamment la maladie de Parkinson, restent floues, il est selon elle intéressant de se pencher sur “ce qu’il se passe en termes de dégénérescence entre le port de prothèses auditives ou non, sur l’évolution de ces maladies”.
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De nouveaux outils pour familiariser aux dangers du bruit
Enfin, malgré les risques associés à une perte d’audition et les inconvénients entraînés par le bruit, les Français restent peu informés. C’est pourquoi, l’Association « La Semaine du Son » est à l’origine de l’initiative de la conception d’un “décibélateur”. Petit panneau d’affichage sur les devantures des magasins d’appareils auditifs ou des mairies, il devrait servir à afficher le niveau de décibels de la rue, à l’image des pharmacies affichant la température. D’après Christian Hugonnet, président fondateur de l’Association « La Semaine du Son », “le décibélateur servirait d’indicateur de niveau sonore, pour mieux informer et familiariser avec la notion de décibel”.