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Loi sur l’aide a mourir a l’arret: des malades entre incertitude et « desespoir »

août 13, 2024

« La maladie, elle, n’attend pas »: la grande incertitude entourant le sort du texte sur la fin de vie, mis a l’arret par la dissolution, angoisse des Francais, touches par des pathologies graves et incurables, qui militent pour que le sujet revienne vite devant les deputes.

Loic Resibois, 47 ans, atteint par la maladie de Charcot et favorable a l’aide active a mourir, estime avoir ete « sacrifie » par la decision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblee nationale, le 9 juin, en plein examen du texte.

La decision surprise du president, au soir du second tour des europeennes, « a plonge des dizaines de milliers de malades dans le desespoir d’avoir une fin de vie sereine », dit a l’AFP cet habitant de la Somme, qui percevait enfin « la lumiere au bout du tunnel ».

Cette « serenite », « c’est ce dont nous a prives Emmanuel Macron sans meme avoir un mot pour nous », regrette cet adherent de l’Association pour le droit de mourir dans la dignite (ADMD).

Changer la loi francaise, qui actuellement n’autorise ni suicide assiste ni euthanasie, etait l’une des promesses de campagne du chef de l’Etat. Apres l’organisation de la Convention citoyenne et des mois de tergiversations, le projet de loi sur ce sujet hautement sensible avait ete presente au conseil des ministres en avril. Debut d’un long processus parlementaire prevu pour durer quelque dix-huit mois, avant d’etre brutalement interrompu.

– Nouveau texte –

Pour maintenir le sujet en haut de l’agenda de la nouvelle Assemblee, le depute MoDem Olivier Falorni, rapporteur general du texte a l’arret, a annonce le 19 juillet le depot d’une nouvelle proposition de loi reprenant « integralement » le texte tel qu’il etait au moment de la dissolution.

Une demarche accueillie avec « une immense joie » mais aussi de « la mefiance » par Loic Resibois, qui estime que « la couleur du nouvel hemicycle est moins favorable qu’avant la dissolution, parce qu’il y a enormement de deputes RN ». Et ce, observe-t-il, alors que neuf Francais sur dix se disent favorables a une legalisation de l’euthanasie et du suicide assiste, selon un sondage Ifop de mai.

Maryline Herrmann, 49 ans, atteinte d’un cancer generalise en phase terminale, « ne croit plus » pour sa part a l’aboutissement de la loi de son vivant.

Cette graphiste de Blotzheim (Haut-Rhin), qui ne se deplace plus qu’en fauteuil roulant, propose d’accueillir chez elle des deputes pendant une journee pour qu’ils puissent « se rendre compte » de son quotidien.

« J’ai hate de ne plus me reveiller depuis deux ans », confie l’Alsacienne. « Ce ne sont plus que des petits instants de survie entre des moments de douleur », ajoute-t-elle, tres emue.

– « Fin de vie utile » –

Pour Helene Berthet, 62 ans, atteinte d’un « cancer incurable », « la France est tres en retard » sur la Belgique, l’un des premiers pays europeens a avoir legalise l’euthanasie, ou la Suisse, qui autorise le suicide assiste. « Je me demande pourquoi c’est si long », s’interroge cette biologiste de Macon.

Contrairement a Loic et Maryline, la sexagenaire s’est organisee pour beneficier du suicide assiste en Suisse, quand elle le choisira. Cela lui a coute une douzaine de milliers d’euros.

Elle a conscience que tous ceux qui souhaiteraient faire ce choix ne peuvent pas debourser une telle somme.

Comme d’autres malades se disant « condamnes », Maryline Herrmann admet « passer tout son temps » a chercher sur des « sites internet aux Etats-Unis, au Canada » des moyens de se procurer sur le marche noir des produits pour mettre fin a ses jours et donc a ses souffrances. Et « maintenant, je mets en vente ma maison parce que je n’ai pas d’autre solution pour pouvoir me payer l’euthanasie en Suisse. »

« J’aimerais ne plus avoir le probleme de chercher comment me tuer, d’etre liberee de ca et de pouvoir au moins vivre encore ce qu’il me reste », dit-elle.

Ils sont plusieurs, parmi ces malades favorables a l’aide a mourir, a vouloir se faire entendre sur les reseaux sociaux, pour decrire leur quotidien et « se sentir compris », selon Loic Resibois.

« Ce combat donne un sens a ce qu’il m’arrive. J’essaye de rendre ma fin de vie utile », souligne celui pour qui c’est « devenu un acte militant de pouvoir (s)’eteindre en France ».

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