« Presque toutes les femmes âgées entre 15 et 25 ans attrapent un papillomavirus (abrégé HPV, lire l’encadré ci-dessous, ndlr)« , prévient le docteur Jean-Luc Mergui lors du 48e congrès de la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale (SFCPCV), le 11 janvier 2024. Cependant, « en un an, 50% des cas auront disparu et en deux ans, 90% des femmes se seront débarrassées naturellement de leur HPV ». Ainsi, seulement 10% des femmes auront un risque de développer un cancer du col de l’utérus des suites d’une lésion causée par un papillomavirus. Le vaccin anti-HPV permet justement d’éviter une infection chronique aux HPV, exposant aux risques de développer un cancer.
Problème : « il y a aujourd’hui 2 millions de non-vaccinés chez les 20-26 ans », précise le docteur Julia Maruani, vice-présidente de la SFCPCV. Pourtant, afin que son efficacité soit optimale, le vaccin anti-HPV doit normalement être administré entre 11 et 14 ans, en particulier chez les jeunes filles, mais également chez les garçons depuis le 1er janvier 2021.
En effet, selon une étude suédoise publiée dans The New England Journal of Medecine en 2020, si le vaccin anti-papillomavirus est effectué avant l’âge de 17 ans, il réduit de 88% les risques de cancer invasif du col de l’utérus. Pourtant, même s’il est fait après cet âge, il réduit tout de même les risques de développer ce cancer de 53%.
Le papillomavirus, qu’est-ce que c’est ?
Les papillomavirus humains (ou HPV) sont des virus sexuellement transmissibles pouvant infecter la peau et les muqueuses. Selon le ministère de la Santé et de la Prévention, dans 10% des cas d’infection par papillomavirus, celle-ci persiste et peut entraîner des lésions, au niveau du col de l’utérus notamment, pouvant évoluer en cancer.
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« Laisser une chance à tout le monde »
Ainsi, selon le docteur Julia Maruani, les raisons du retard de couverture vaccinale en France sont multiples : des parents opposés à ce que leurs enfants se fassent vacciner, une méconnaissance des papillomavirus ou encore la période du Covid-19 de 2020 à 2021, ayant entraîné une baisse du taux de vaccination.
Ainsi se pose la question d’une étendue du délai de rattrapage du vaccin, notamment chez les jeunes femmes, afin de « laisser une chance à tout le monde », d’après le docteur. Aujourd’hui, les jeunes filles peuvent encore se faire vacciner entre 15 et 19 ans. Pourtant, chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, il est possible de rattraper l’injection du vaccin jusqu’à l’âge de 26 ans.
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« Réduire les inégalités »
Julia Maruani soutient l’idée qu’élargir la vaccination jusqu’à 26 ans pour tous les jeunes, et plus précisément les jeunes femmes, « permettrait de ne plus différencier les individus selon le genre ou la sexualité et de réduire les inégalités ». De plus, bien que le vaccin soit plus efficace s’il est réalisé entre 11 et 14 ans, ou avant le premier rapport sexuel, il reste toutefois un bon protecteur, même après 20 ans. La Haute Autorité de Santé devrait donc, en avril 2025, statuer sur l’élargissement du rattrapage vaccinal jusqu’à 26 ans chez les femmes et les hommes, quelle que soit leur sexualité.
Il reste du chemin à parcourir pour que la totalité des jeunes Français soient vaccinés contre le papillomavirus : en effet, selon le Ministère de la Santé, en 2023, seulement 41,5% des filles et 8,5% des garçons l’étaient. C’est pourquoi des campagnes scolaires, dans les collèges notamment, sont mises en place depuis la rentrée 2023. L’objectif est que, d’ici 2030, 80% des jeunes soient protégés contre les HPV.