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Perou: le drame des familles contaminees par l’arsenic de l’exploitation miniere

juillet 16, 2024

Sayuri Moreno a decouvert pendant sa grossesse un taux d’arsenic anormalement eleve dans son corps mais n’a d’autre choix que de continuer a allaiter son bebe. Seul traitement efficace selon ses medecins: quitter son village du nord du Perou ou des centaines de familles sont exposees a la pollution liee a l’activite miniere.

Dans les bidonvilles de Huarmey, ou elle vit avec son mari et ses trois enfants, le ministere de la Sante a recemment repertorie 120 cas de niveaux eleves d’arsenic dans les urines parmi 140 prelevements effectues. La plupart sont des femmes et des enfants.

Derriere ce village de pecheurs du departement d’Ancash ou vivent 3.000 habitants, des pipelines souterrains transportent les concentres de cuivre et de zinc vers leur port d’embarquement.

L’arsenic inorganique rejete se trouve naturellement a cote du minerai de cuivre et est libere en tant que sous-produit lors de son traitement.

Principal « contaminant chimique » de l’eau potable selon l’Organisation mondiale de la sante (OMS) –qui estime a 140 millions le nombre de personnes dans le monde qui consomment de l’eau contenant des niveaux eleves d’arsenic, soit directement, soit par des aliments prepares avec de l’eau contaminee–, il est classe comme cancerigene et comme l’une des dix substances les plus dangereuses pour la sante publique.

– « Abandonnes » –

Sayuri Moreno, 37 ans, a appris sa contamination lors d’un examen prenatal : « J’ai eu peur, car j’avais entendu dire que cela provoquait des cancers », dit-elle a l’AFP.

Ses enfants, Keity, 11 ans, et Iker, 7 ans, ont egalement des taux superieurs aux niveaux autorises, mais pas sa derniere Valeria, agee de 11 mois.

Elle est « nee normale » et « mon medecin me recommande d’arreter l’allaitement et de partir d’ici », indique Mme Moreno.

Mais comme tant d’autres familles modestes qui vivent de la peche a Puerto Huarmey, Sayuri Moreno et son mari pecheur de 38 ans, Alan Guerrero, n’ont pas les moyens financiers de suivre les conseils du docteur.

La famille a bien tente de se deraciner pour se « desintoxiquer », mais a du revenir au bout de trois mois, faute d’alternatives a la peche.

Ils ne peuvent que rarement s’offrir de l’eau en bouteille et du lait en poudre pour le bebe. « On se sent abandonnes sans l’aide de personne », avec « face a nous une puissante compagnie miniere », deplore Alan Guerrero, qui n’a pas ete analyse et craint lui aussi des taux eleves.

– « Pas de remede » –

Au Perou, deuxieme producteur mondial de cuivre apres le Chili, les autorites n’ont pas encore officiellement decrete que la contamination a l’arsenic a Puerto Huarmey provenait de l’exploitation miniere.

Le directeur de l’hopital local considere « preoccupant » le nombre de personnes touchees et le niveau d’arsenic dans leur organisme : « chaque fois qu’on procede a un depistage plus approfondi on decouvre 80% de nouveaux cas positifs ».

Selon le ministere peruvien de la Sante, le niveau maximal admissible d’arsenic dans l’organisme est de 20 microgrammes par litre d’urine.

Il est de 60 microgrammes pour Sayuri Moreno, 81 microgrammes pour sa fille ainee, et de 70 microgrammes pour son fils.

« Il n’y a pas de remede », explique Percy Herrera, expert de l’equipe Metaux lourds au ministere de la Sante. « La meilleure chose a faire est d’identifier la source (de contamination) et la controler. Malheureusement, ce n’est quelque-chose qui ne depend pas necessairement « du systeme de sante ».

– « Soudain ce cauchemar » –

Enceinte, Mireya Minaya, avait un taux de 142 microgrammes. Son bebe, Danna, est ne contamine.

Mais sur son fils Fabricio, age de trois ans et souffrant d’anemie, a ete enregistre une concentration de 540 microgrammes par litre d’urine.

Le gouvernement a pris en charge l’annee derniere son transfert et les soins hospitaliers a Lima, a 290 kilometres de Huarmey, comme ceux d’autres des personnes contaminees.

Mireya Minaya a ete hospitalisee 10 jours et les medecins ont decouvert des tumeurs sur ses ovaires, probablement malignes.

« Je ne veux pas savoir et j’ai demande a quitter l’hopital et suis revenue » a Huarmey, raconte a l’AFP la femme de 33 ans, cuisiniere dans un restaurant.

« On vivait normalement… et puis soudain ce cauchemar. On ne sait pas si il finira un jour », se lamente-elle dans sa maison en roseau tresse, sans eau ni electricite.

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