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Peut-on être allergique aux vêtements et chaussures neufs ?

janvier 9, 2025

« Une amie m’a signalé qu’elle avait des rougeurs quand elle portait des jeans. Est-ce qu’on peut être allergique à la teinture bleue des jeans ? », nous demande Gerard Content, fidèle lecteur de Sciences et Avenir, sur notre page Facebook. C’est notre Question de la semaine. Merci à toutes et tous pour votre participation.

Eh oui, on peut développer des allergies au contact de vêtements, et même de chaussures. « Des cas d’allergies et d’irritations cutanées en lien avec des vêtements ou des chaussures sont régulièrement rapportés », écrivait dans un rapport l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) en 2018. C’est pourquoi celle-ci recommande au consommateur de laver, avant de le porter pour la première fois, tout vêtement susceptible d’entrer en contact avec la peau. L’Agence conseille également, en cas d’irritation ou d’allergie après l’achat de vêtements ou de chaussures, de consulter un médecin ou un dermato-allergologue pour identifier l’éventuelle substance responsable.

Des substances chimiques entraînant des dermatites de contact

Pour identifier les substances chimiques pouvant être à l’origine d’allergies et d’irritations cutanées, l’Anses a effectué en 2018 une revue de la littérature scientifique sur le sujet, et a réalisé des essais sur un échantillonnage de vêtements neufs prélevés dans plusieurs points de vente et des chaussures ayant entraîné des plaintes de clients. Au total, une vingtaine de familles de substances chimiques ont été recherchées dans les vêtements et une cinquantaine de substances dans les chaussures.

« Ces analyses ont permis d’ajuster les familles de substances chimiques à rechercher et de confirmer entre autres la présence de nonylphénols (ndlr : perturbateurs endocriniens), de nonylphénols éthoxylates ou encore de formaldéhyde (ndlr : cancérogène). Elles ont également permis d’identifier des substances non analysées en routine, pouvant entrainer des dermatites de contact (lire l’encadré ci-dessous, ndlr) telles que la 1,4-paraphénylènediamine ou des dérivés organostanniques, ou des colorants azoïques », détaille l’Agence.

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De plus, l’Anses a analysé des articles portés par une trentaine de patients d’allergologues et suspectés d’être associés à leurs réactions cutanées. Sont suspectés d’être à l’origine de ces symptômes le benzidine (cancérogène), le chrome 6, le nickel, la résine 4-tertbutylphénolformaldéhyde (cancérogène) et le colorant azoïque, très utilisé dans le monde du textile.

La dermatite de contact est une inflammation de la peau qui se produit lorsqu’elle entre en contact avec une substance irritante ou allergène. Elle peut survenir rapidement ou après une exposition prolongée et répétée. Elle se présente principalement sous deux formes :
– la dermatite de contact irritative : elle est provoquée le plus souvent par des produits chimiques et peut concerner n’importe qui. Les symptômes qu’elle induit sont une rougeur, une démangeaison, parfois des fissures ou des cloques.
– la dermatite de contact allergique : c’est le résultat d’une réaction allergique après sensibilisation à une substance. Elle peut être induite par du nickel, des produits cosmétiques, ou encore des colorants textiles. Elle est reconnaissable par les symptômes suivants : éruption cutanée rouge, démangeaisons intenses, cloques, gonflement, parfois une sensation de brûlure.
Le diagnostic est posé par un dermatologue. Il est recommandé d’éviter le contact avec l’irritant ou l’allergène. Des corticostéroïdes peuvent réduire l’inflammation, des antihistaminiques peuvent soulager les démangeaisons.

Fixer ou baisser des seuils pour réduire les réactions allergiques

L’Anses recommandait en 2018 aux autorités de baisser le seuil réglementaire de chrome 6 dans les articles en cuir, car elle constatait des réactions allergiques en dessous de la valeur réglementaire, et de fixer un seuil pour le nickel dans les textiles. A ce jour, ces recommandations n’ont pas été suivies.

L’Agence demandait également aux responsables de la mise sur le marché des textiles de s’assurer auprès de leurs fournisseurs de l’absence de substances CMR (cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction) ou de produits irritant la peau dans leurs articles. Depuis 2020, l’Union européenne a restreint l’utilisation de 33 substances CMR dans les vêtements, textiles et chaussures.

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