Surveiller les eaux usées pour scruter la vie des femmes et des personnes trans ? Un chercheur alerte

décembre 3, 2025

Par Astrid Saint Auguste le Abonnés

En septembre 2025, Science, l’une des revues les plus lues et les plus prestigieuses dans le milieu scientifique, publiait la lettre d’un jeune chercheur canadien, spécialisé dans la surveillance des eaux usées. Il y dénonce un projet de loi rédigé au Texas, l’un des Etats les plus réactionnaires en matière de droit à la contraception, l’avortement et la transition de genre. Entretien.

Manifestation pro-avortement au siège du Sénat et de la Chambre des représentants au Texas

Le 24 mars 2023, des manifestants ont investi la rotonde du Capitole de l’Etat du Texas, siège des deux chambres parlementaires. Ils protestent contre l’interdiction de l’avortement. Sur la pancarte, « avortement à la demande, sans avoir à présenter d’excuses« .

© Reginald Mathalone /NurPhoto / AFP

La surveillance des maladies virales saisonnières via les eaux usées est un outil de détection révélé au grand public par la pandémie de Covid-19, une longue séquence tragique qui a renforcé la légitimité de ce qu’il faut à présent considérer comme un nouvel outil de surveillance épidémiologique. Grâce à ces eaux issues de nos toilettes, appelées eaux vannes, scrutées quotidiennement, il a été possible d’observer la progression des variants du Covid-19 au sein de la population bien avant l’apparition de variants du coronavirus, et bien avant l’éruption de symptômes chez les habitants de quartiers et/ou de villes entières. Cette surveillance a rendu des résultats bien plus précoces et plus pertinents que l’agrégation des données issues des tests de dépistage. Elle permettait de contourner un angle mort, celui des malades asymptomatiques. Les eaux usées ont donc permis de suivre les tendances et anticiper l’incidence de la maladie dans les communautés.

L’outil, pourtant, n’est pas nouveau. Il a permis dans le passé de pister d’autres pathogènes responsables de la fièvre typhoïde, de la polyomélite. Des molécules de drogues illicites, comme l’ecstasy, la cocaïne, les amphétamines, le cannabis et les tendances addictives ont été également et régulièrement surveillées dans 128 grandes villes européennes par l’Agence de l’Union européenne sur les drogues (EUDA). En France, en sus de la surveillance des maladies respiratoires, le réseau SUM’EAU systématise depuis 2023 la surveillance de maladies telles que la rougeole, la grippe saisonnière ou la bronchiolite dans les eaux de stations d’épuration de France métropolitaine.

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