Des centaines de chauffeurs de taxi ont perturbe lundi la circulation autour de Lyon avant de converger vers une place de la ville, ou certains pourraient passer la nuit, pour protester contre une convention en cours de negociation avec l’Assurance maladie incluant une tarification a la baisse du transport de malades.
Des perturbations ont aussi eu lieu autour de Toulon, et plusieurs centaines de taxis bloquaient encore un peage sur l’A7 au nord-ouest de Marseille.
Corne de brume, petard et klaxon: a Lyon, des dizaine de chauffeurs convergeaient au volant vers 17H00 sur la place Bellecour, sous une pluie persistante, a constate un journaliste de l’AFP.
« La journee s’est bien passee, pas d’altercation. On a sensibilise un maximum de personnes », se felicite sous un parapluie Abdel Green, president de la Federation des taxis independants du Rhone (FTI69).
« Ce soir, comme prevu, on fait un bivouac sur la place Bellecour, et on va voir (…) si on dort la, ou si on met fin au mouvement. Ca dependra du vote des manifestants », une fois tous les taxis sur la place, ajoute-t-il.
– Plus de 1.500 taxis –
Selon lui, plus de 1.500 taxis ont participe toute la journee a des blocages ou ralentissements sur plusieurs points d’acces de l’agglomeration lyonnaise.
Avant l’aube, feux de detresse allumes, quelque 150 vehicules avaient stationne sur un echangeur a l’ouest de Lyon, sans pour autant bloquer totalement la circulation, a constate une journaliste de l’AFP. « Taxis en greve », « taxi medical en danger », pouvait-on lire sur certains.
Parmi eux, Nicolas Galliot, 43 ans, venu de Clermont-Ferrand. A la tete d’une societe de taxis, le transport medical represente 60 a 70% de son chiffre d’affaires. « Mais pour les taxis de campagne, ca peut monter jusqu’a 100% », precise-t-il.
En 2023, plus de 40.000 taxis etaient conventionnes pour transporter des personnes malades, atteintes de pathologies allant des cancers aux maladies psychiatriques, selon l’Assurance maladie, soit pres des trois quarts des taxis en France.
Afin de realiser 300 millions d’euros d’economies sur ces transports sanitaires, le gouvernement Barnier, menace de censure, souhaite contraindre taxis et transporteurs sanitaires a negocier des mesures avec l’Assurance maladie, sous peine de baisses tarifaires imposees.
De plus, un decret d’application du budget de la Secu pour 2024 prevoit qu’un patient ne puisse plus refuser, sauf exception, un transport sanitaire partage, sous peine de devoir avancer les frais et de n’etre rembourse que sur la base du transport partage. Les patients devront aussi etre pris en charge en moins de 45 minutes, et par secteur geographique avec une limite kilometrique de detour par patient.
« Non seulement on va attendre tres longtemps pour remplir la voiture, on va faire des tournees qui n’en finiront pas, mais aussi on va deteriorer le service qu’on a mis en place depuis des annees avec les patients », selon Abdel Green.
Venus du Puy-de-Dome, de l’Isere, la Drome, la Loire ou encore la Haute-Loire, les chauffeurs de taxis ont bloque plusieurs heures des voies des autoroutes A7, A43 et A46, provoquant plusieurs dizaines de kilometres de bouchons ou de ralentissements a l’entree de l’agglomeration lyonnaise.
– « Pris a la gorge » –
Sabrina Pena, 51 ans, taxi depuis 27 ans a Lyon, realise 10% de son activite avec des malades. Elle regrette la baisse des tarifs car « depuis quelques annees tout a augmente, le prix du carburant, des vehicules, des peages, celui des bouteilles d’eau pour les clients ». « Ils savent qu’on est pris a la gorge car on est tous endettes », lache-t-elle devant l’hopital Edouard Herriot.
Des perturbations en Provence-Alpes-Cote d’Azur ont aussi ete constatees, notamment dans la matinee aux entrees de Toulon et qui ont pris fin en debut d’apres-midi.
En revanche, 800 taxis etaient toujours mobilises pour bloquer le peage de Lancon-de-Provence, l’un des plus importants sur l’A7, a une quarantaine de km au nord-ouest de Marseille, avec 6 km de bouchons vers Lyon et 5 km vers Marseille, selon la prefecture des Bouches-du-Rhone et Vinci.
Des taxis venus de Marseille et de la region ont bloque les voies de paiement avec leur voiture ou des pneus.
Pour Karine Lahouel, taxi a Carpentras (Vaucluse) depuis onze ans, « on essaie de sauver notre peau, tres clairement, parce que la c’est la fin, c’est la derniere chance pour que ce metier continue d’exister », dit cette femme de 52 ans.