Un nouvel espoir contre les fausses couches ? Environ 15 % de toutes les grossesses au monde finissent en fausse couche, soit pres de 23 millions chaque annee. Les experts estiment qu’une femme sur dix a deja souffert d’une fausse couche, et pres de 2 % des femmes en auraient subi deux ou plus. Ces fausses couches a repetition peuvent etre causees par des reactions auto-immunes, telles que le syndrome des anticorps antiphospholipides, qui entraine la formation de caillots sanguins et peut causer des fausses couches chez les femmes enceintes.
Chez elles, ce syndrome peut etre traite par des anticoagulants, notamment l’administration conjointe d’aspirine et d’heparine. Une nouvelle etude japonaise, menee par l’Universite de Kobe, montre que ce traitement peut etre efficace pour d’autres causes de fausses couches a repetition, augmentant la probabilite de naissances en bonne sante. Ces resultats ont ete publies le 26 septembre 2024 dans la revue Frontiers in Immunology.
Des anticorps qui attaquent l’uterus et l’embryon
Les anticorps qui causent le syndrome des anticorps antiphospholipides ciblent notamment une proteine nommee apolipoproteine H (ou glycoproteine b2), presente sur l’endometre (la couche qui recouvre l’uterus) et la couche externe (le trophoblaste, qui deviendra le placenta) des embryons au stade blastocyste (environ cinq jours apres la fecondation).
Ces anticorps sont detectes chez environ 10 % des femmes qui font des fausses couches a repetition, et agiraient en entravant le developpement de l’embryon et son implantation dans l’uterus.
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Mais d’autres anticorps ciblant cette proteine sont encore plus frequents chez ces femmes. Les chercheurs japonais avaient montre en 2015 que ces anticorps reconnaissent des parties de l’apolipoproteine H qui ne sont pas ciblees par les anticorps traditionnellement associes au syndrome des anticorps antiphospholipides. Ces nouveaux auto-anticorps (qui attaquent le corps qui les produit) sont detectes dans plus de 20 % des cas de fausses couches a repetition.
Un traitement d’aspirine et heparine diminue ce risque de fausse couche
Vu que l’administration conjointe d’aspirine et d’heparine semble efficace contre ce syndrome lorsqu’il est cause par les anticorps deja connus, les chercheurs ont voulu savoir si ce traitement serait aussi efficace contre ces nouveaux anticorps. Ils ont suivi tous les cas de fausses couches a repetition survenus dans cinq centres medicaux au Japon entre aout 2019 et decembre 2021, identifiant 462 femmes. Parmi elles, 78 (donc 16,9% du total) avaient des niveaux eleves de ces nouveaux anticorps.
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Une cinquantaine d’entre elles sont tombees enceintes a nouveau avant decembre 2023. Mais quelques-unes de ces femmes ont souffert des fausses couches a cause de problemes chromosomiques et ont ete exclues de l’etude. Au total, 47 femmes et 47 grossesses ont ete suivies, dont 38 qui avaient ces nouveaux anticorps, mais n’avaient pas les anticorps antiphospholipides responsables du syndrome.
Elles ont ete divisees en groupes, le premier (avec six femmes) n’ayant recu aucun traitement specifique, les autres recevant de l’aspirine et de l’heparine. La moitie des grossesses du groupe non traite ont abouti a une naissance, contre pres de 90 % chez les femmes traitees.
Et parmi les naissances, la moitie du groupe non traite a presente des complications, contre seulement 6 % des naissances des femmes traitees avec cette combinaison d’aspirine et d’heparine. Ce qui veut dire que non seulement ce traitement diminue le risque de fausse couche mais il diminue aussi le risque de complications lors de la naissance.
Ces resultats etaient similaires lorsque l’on observait uniquement les femmes qui n’avaient pas d’anticorps antiphospholipides, montrant que ce traitement est efficace aussi contre les complications causees par ces nouveaux anticorps. Des resultats encourageants, qui necessitent neanmoins d’etre confirmes par des etudes plus larges vu la taille reduite de l’echantillon.