Les buveurs de café hébergent dans leur microbiote intestinal une bactérie qui se délecte aussi particulièrement du breuvage, révèle une vaste étude épidémiologique menée par une équipe italo-américaine. Pour la première fois, une espèce bactérienne est associée à un aliment bien spécifique consommé par une grande partie de l’humanité.
Les chercheurs ont comparé le microbiote intestinal de 22.000 personnes issues de 43 pays en séquençant l’ADN bactérien de leurs fèces. Sur les 115 espèces bactériennes dont les effectifs augmentaient avec la consommation régulière de café, la bactérie Lawsonibacter asaccharolyticus sortait du lot en étant jusqu’à huit fois plus abondante chez les amateurs de café, et cela quel que soit leur âge, leur sexe ou leur état de santé. Cette bactérie, récemment identifiée dans le côlon humain, était fréquente dans les populations ayant un mode de vie occidental mais restait rare chez les enfants et le singe.
Une forte consommation de café ne semble pas nocive pour le microbiote
Sa présence, indique l’étude publiée dans la revue scientifique Nature Microbiology, était associée à celle dans le sang de produits de dégradation des acides chlorogéniques, des polyphénols présents en abondance dans le café. Ces substances peuvent à leur tour favoriser la prolifération d’autres types de bactéries bénéfiques du microbiote intestinal. Une très forte consommation de café n’entraînait cependant pas plus de changements dans les populations bactériennes qu’une consommation modérée et ne semble donc pas nocive pour l’équilibre du microbiote intestinal.
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Le café doit-il ses propriété bénéfiques à cette bactérie ?
In vitro, la croissance de la bactérie était la seule à être stimulée par le café, qu’il soit avec ou sans caféine, l’alcaloïde psychoactif du café. Les chercheurs soulignent que de nombreuses espèces bactériennes du microbiote intestinal humain réagissent au café mais restent à identifier car elles sont difficilement cultivables et meurent en présence d’oxygène. De futures recherches détermineront si c’est à elles, avec L. asaccharolyticus, que le café doit ses propriétés bénéfiques pour l’organisme.