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Vote historique des deputes britanniques pour legaliser l’aide a mourir

novembre 29, 2024

Les deputes britanniques ont approuve vendredi en premiere lecture la legalisation d’une aide a mourir pour certains malades en phase terminale, lors d’un vote historique a l’issue d’un debat charge d’emotion.

Le projet de loi, qui concerne l’Angleterre et le Pays de Galles, a mobilise les parlementaires au-dela des clivages politiques classiques. Il devra encore franchir plusieurs etapes avant son adoption definitive.

Mais neuf ans apres le rejet d’un precedent texte par la chambre des Communes, les deputes se sont cette fois alignes a 330 voix pour (275 contre) sur le soutien croissant de la population britannique envers la legalisation du suicide assiste, apres presque cinq heures de debat.

La deputee travailliste Kim Leadbeater, qui portait la proposition de loi, s’est felicitee, affirmant sur la BBC que le Parlement s’etait eleve « a son meilleur aujourd’hui », avec un debat « tres respectueux ».

Durant l’examen du texte, elle a assure qu’il donnerait « le choix, l’autonomie et la dignite » aux adultes en phase terminale d’une maladie, n’ayant que six mois ou moins a vivre, tout en soulignant que ce droit serait encadre par des « criteres tres stricts ».

Les malades devront etre capables d’exprimer un choix eclaire et de prendre eux-memes la substance provoquant leur deces. Deux medecins et un juge devront donner leur accord.

Le Premier ministre Keir Starmer, qui ne s’etait pas exprime jusqu’ici, a vote en faveur du texte, comme en 2015. Il n’avait pas donne de consigne de vote a sa majorite.

Des dizaines de partisans et opposants au texte s’etaient rassembles vendredi devant le Parlement.

– « Meilleur choix » –

A l’issue du vote, l’organisation Dignity in Dying (Dignite face a la mort) a salue « un pas historique vers un meilleur choix et une meilleure protection pour les personnes mourantes ».

L’association Care Not Killing, opposee au suicide assiste, s’est dite « decue », tout en soulignant un resultat « extremement serre ».

Actuellement, le suicide assiste est illegal et fait encourir une peine de 14 ans de prison en cas d’aide ou d’incitation.

Durant le debat, nombre de deputes ont evoque, parfois au bord des larmes, l’experience d’un proche pour appuyer leur soutien ou leur opposition au texte.

Kim Leadbeater a ainsi raconte l’histoire de Norman, un homme atteint d’un cancer de la prostate pendant 15 ans qui « s’est tire une balle dans la tete » quand la douleur est devenue insupportable.

La loi actuelle « n’est pas claire et ne protege pas les malades, les familles et le personnel de sante, ce qui pousse les gens a des actions desesperees », a-t-elle ajoute.

Depuis plusieurs semaines, la perspective du vote a souleve un intense debat sur des fondements ethiques, religieux mais aussi financiers.

Une trentaine de chefs spirituels avaient fait part de leur « profonde preoccupation », s’inquietant que les personnes fragiles ressentent un « devoir de mourir » pour soulager leurs proches.

« Comment peut-on garantir qu’une personne agee dans une maison de retraite, a qui on a donne six mois a vivre, ne se dira pas: +je suis un fardeau (…) si je mets fin a mes jours maintenant, ma famille pourra economiser 25.000 a 55.000 livres+? « , s’est interroge Richard Burgon, un depute independant.

– « Garanties et protections » –

Plutot qu’une aide a mourir, de nombreux opposants ont reclame un meilleur financement des soins palliatifs, alors que le systeme public de sante traverse une profonde crise.

Kim Leadbeater a assure que ce texte de loi contenait « les garanties et protections les plus solides au monde », et n’avait « rien a voir » avec ceux du Canada ou de la Belgique, aux criteres beaucoup plus larges.

Le texte doit desormais etre examine en commission, avant d’etre a nouveau soumis a l’approbation des deux chambres du Parlement britannique.

Durant ces etapes « nous devons repondre a toutes les questions qui ont ete soulevees aujourd’hui », citant les soins palliatifs, les droits des personnes handicapees et l’etat du systeme de sante, a reconnu Kim Leadbeater sur la BBC.

L’Ecosse, qui dispose de pouvoirs delegues en matiere de sante, doit voter sur son propre projet de loi en 2025. L’Ile de Man examine egalement un texte, tandis que l’ile anglo-normande de Jersey a valide la preparation d’une loi d’ici a 2027.

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