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Accouchement prématuré : à chaque hausse de température, le risque augmente

novembre 21, 2025

Lors d’une vague de chaleur, le risque d’accouchement prématuré augmente de 26 %. Pour chaque augmentation de 1°C de l’exposition à la chaleur, le risque d’accouchement prématuré augmente de 4%, selon la plus vaste revue systématique de ce type publiée dans la revue Nature Medicine. Les 198 études émanant de 66 pays vont toutes dans le même sens : les vagues de chaleur ont un impact direct sur les femmes enceintes. Pour tenter de se préparer au mieux, voire de prévenir ces naissances prématurées, une étude vient d’identifier 23 voies métaboliques et quatre métabolites associés à la fois à l’exposition à la température et à l’accouchement prématuré.

La température ambiante quotidienne a été relevée chez les 215 participantes. L’exposition à la chaleur a été calculée pour chaque participante en fonction de son lieu de résidence. Trois périodes d’exposition ont été considérées : de la conception au début de la grossesse ; du début à la fin de la grossesse ; de la conception à la fin de la grossesse. Des échantillons de sang ont été prélevés sur des participantes au début et à la fin de la grossesse. Plutôt que de chercher une température « seuil » à partir de laquelle la femme enceinte serait en danger, cette approche cherche à comprendre les effets cumulatifs de la chaleur, lorsque les températures se prolongent. Une façon d’observer l’entièreté de la grossesse et pas seulement les vagues de chaleur isolées. Cette approche reflète le fait que la grossesse peut être sensible à une exposition prolongée ou cumulative à la chaleur, et pas seulement à des vagues de chaleur isolées.

Des modifications mesurables dans le sang de la mère

Les résultats, publiés dans la revue Science Advances, ne fixent plus une limite de température au-delà de laquelle les femmes enceintes seraient en danger. Mais ils illustrent comment, degré après degré, des changements s’opèrent dans le métabolisme maternel. « Des températures plus élevées, surtout lorsqu’elles sont maintenues pendant plusieurs jours ou semaines, sont associées à des modifications mesurables de certaines molécules dans le sang de la mère« , explique Donghai Liang, épidémiologiste moléculaire à l’Emory University (Etats-Unis) et auteur de ces travaux. « Ces molécules participent à la réponse au stress et au métabolisme énergétique, et sont également liées à un risque accru d’accouchement prématuré. » Le corps peut commencer à réagir à la chaleur à des niveaux inférieurs à ce qui est habituellement considéré comme « extrême ».

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Au domicile de la mère, chaque augmentation de 1°C de la température moyenne entre la conception et le début de la grossesse était associée à des niveaux plus élevés de certaines voies métaboliques (comme la méthionine). Ajoutée à cela, chaque augmentation de 1°C de la température moyenne entre la conception et la fin de la grossesse était associée à des niveaux plus faibles d’autres composés (la citrulline, l’acide pipécolique et la proline). Enfin, les quatre métabolites étaient plus faibles chez les participantes ayant accouché avant 37 semaines de gestation, comparé aux naissances à terme. « Cela n’est pas surprenant, car la grossesse implique des changements majeurs dans la fonction immunitaire, le métabolisme et le stress oxydatif, et le corps peut réagir différemment aux facteurs environnementaux selon le moment. Mais plutôt qu’un moment critique unique pendant la grossesse durant lequel la chaleur serait particulièrement nuisible, les données biologiques indiquent une sensibilité plus continue et prolongée aux températures élevées« , poursuit le chercheur.

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Faire face à la chaleur

A ce stade, les travaux ne recommandent pas de supplémenter les patientes et d’autres études cliniques s’avèrent nécessaires afin de définir une approche thérapeutique. Mais ils ouvrent la voie à de possibles futures interventions. Comme ces signatures métaboliques se détectent grâce à une simple prise de sang, on pourrait imaginer une prise en charge adaptée, en supplémentant la femme enceinte avec des nutriments. « En effet, les micronutriments impliqués dans l’équilibre antioxydant ou la résilience métabolique pourraient aider le corps à mieux faire face au stress thermique pendant la grossesse », précise Donghai Liang. Une façon de mieux supporter les fortes chaleurs, qui selon les spécialistes du climat, devraient se multiplier dans les années à venir.

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