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Au Liban, les hopitaux preparent des plans d’urgence en cas de guerre

août 24, 2024

Dans le plus grand hopital gouvernemental du Liban, des membres du personnel de sante et administratif suivent une formation pour etre prets si jamais une guerre a grande echelle, tant redoutee, eclate entre Israel et le Hezbollah.

« On se prepare a la guerre », dit Bassima Khashfi, une infirmiere experimentee qui explique comment repartir les blesses en cas d’afflux soudain a l’hopital Rafic Hariri a Beyrouth.

« Tous les employes, du corps infirmier, medical, administratif ou securitaire suivent la formation », explique-t-elle: « Sur la base de nos capacites actuelles, nous sommes presque prets ».

Depuis le debut de la guerre entre Israel et le Hamas dans la bande de Gaza le 7 octobre, les echanges de tirs transfrontaliers entre le Hezbollah et Israel sont quasi quotidiens, le mouvement pro-iranien affirmant attaquer des positions militaires israeliennes en soutien a son allie, le Hamas palestinien.

Un infirmier prepare une chambre a l'hopital Rafik Hariri a Beyrouth, le 22 aout 2024, dans le cadre du plan d'urgence du ministere libanais de la Sante (AFP - ANWAR AMRO)
Un infirmier prepare une chambre a l’hopital Rafik Hariri a Beyrouth, le 22 aout 2024, dans le cadre du plan d’urgence du ministere libanais de la Sante (AFP – ANWAR AMRO)

Les craintes d’une guerre totale sont vives depuis la mort d’un chef militaire du Hezbollah fin juillet, tue par une frappe israelienne au Liban, et celle de l’ex-chef du Hamas en Iran, qui a accuse Israel de l’avoir assassine. Le Hezbollah pro-iranien et Teheran ont promis de riposter.

« Nous avons ete formes pour faire face a des incidents impliquant un grand nombre de victimes et pour nous preparer a l’eventualite d’une catastrophe naturelle ou d’une guerre », dit Lamis Dayekh, une infirmiere de 37 ans.

« Si la guerre eclate, nous serons presents (..). Si je ne suis pas a l’hopital, j’amenerai mes enfants avec moi et je viendrai », assure-t-elle.

– « Pas notre premiere guerre » –

A l’hopital public, les infirmiers repetent qu’ils sont relativement habitues a faire face a l’afflux de patients, que ce soit lors de la pandemie de Covid-19 ou de differents conflits.

Un infirmier verifie les fournitures a l'hopital Rafik Hariri a Beyrouth, dans le cadre du plan d'urgence du ministere libanais de la Sante, le 22 aout 2024  (AFP - ANWAR AMRO)
Un infirmier verifie les fournitures a l’hopital Rafik Hariri a Beyrouth, dans le cadre du plan d’urgence du ministere libanais de la Sante, le 22 aout 2024 (AFP – ANWAR AMRO)

Un centre d’operations d’urgence a ete installe au ministere de la Sante adjacent a l’hopital.

« Au Liban, nous avons toujours un plan d’urgence (…). Ce n’est pas notre premiere guerre et nous avons ete prets a chaque fois », assure Wahida Ghalayini, qui dirige ce centre depuis octobre.

Elle cite la terrible explosion au port de Beyrouth en 2020, qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blesses, ou la derniere guerre entre le Hezbollah et Israel en 2006, au cours de laquelle plus de 1.200 personnes ont ete tuees, des civils pour la plupart.

Depuis octobre, les violences ont fait pres de 600 morts au Liban, en grande partie des combattants du Hezbollah pro-iranien mais egalement au moins 130 civils, selon un decompte de l’AFP.

Un infirmier verifie les fournitures a l'hopital Rafik Hariri a Beyrouth, dans le cadre du plan d'urgence du ministere libanais de la Sante, le 22 aout 2024  (AFP - ANWAR AMRO)
Un infirmier verifie les fournitures a l’hopital Rafik Hariri a Beyrouth, dans le cadre du plan d’urgence du ministere libanais de la Sante, le 22 aout 2024 (AFP – ANWAR AMRO)

En Israel et sur le plateau du Golan syrien occupe, 23 militaires et 26 civils ont ete tues, selon les autorites israeliennes.

Le plan concu par le ministere de la Sante evalue les besoins des hopitaux, supervise les formations et comprend aussi un module de sante mentale.

Il coordonne egalement l’action des equipes de secours et des hopitaux du sud du Liban.

– Les lecons de Gaza –

Les autorites libanaises comptent principalement sur le financement des donateurs pour leurs plans d’urgence, le pays etant depuis pres de cinq ans en plein effondrement economique.

Reunion du personnel du ministere libanais de la sante pour controler la mise en oeuvre du plan d'urgence, le 22 aout 2024 a Beyrouth (AFP - ANWAR AMRO)
Reunion du personnel du ministere libanais de la sante pour controler la mise en oeuvre du plan d’urgence, le 22 aout 2024 a Beyrouth (AFP – ANWAR AMRO)

« Tous les hopitaux ont besoin de materiel medical, de carburant, d’oxygene », declare Wahid Ghalayini, soulignant les « problemes financiers » de l’Etat.

Les centrales electriques etant quasiment a l’arret faute de fonds publics, la plupart des hopitaux utilisent l’energie solaire, dit-elle, en montrant les panneaux installes sur le toit et le parking de l’hopital Rafic Hariri.

Le ministre de la sante, Firas Abiad, a declare cette semaine que le pays disposait d’assez de medicaments et de fournitures medicales pour tenir au moins quatre mois en cas d’extension de la guerre.

Le plan d’urgence a reparti les priorites en fonction de la localisation des hopitaux. La « zone rouge » a haut risque de frappes israeliennes comprend les bastions du Hezbollah dans le sud et l’est du pays, ainsi que la banlieue sud de Beyrouth.

L'hopital Rafik Hariri a Beyrouth, le 22 aout 2024 au Liban (AFP - ANWAR AMRO)
L’hopital Rafik Hariri a Beyrouth, le 22 aout 2024 au Liban (AFP – ANWAR AMRO)

Dans le centre d’operations d’urgence, des fonctionnaires passent des appels et travaillent sur leur ordinateur tout en suivant les nouvelles de la guerre a Gaza dans le sud du Liban sur des ecrans geants.

« Nous suivons ce qui se passe a Gaza » sur le plan medical « et nous en tirons des enseignements », dit Wahida Ghalayini, alors que les televisions passent en boucle les images des patients ensanglantes dans le territoire palestinien.

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