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Ce nouveau mécanisme régénère rapidement le foie

mars 26, 2025

Dans le corps humain, le foie possède une grande particularité : celle de pouvoir se régénérer tout seul. Sauf quand il souffre de maladies chroniques, qui l’abîment régulièrement. Dans le cas d’une cirrhose par exemple, ou quand une partie du foie est retirée à cause d’une tumeur. Mais la découverte d’un nouveau mécanisme de régénération rapide du foie laisse entrevoir un espoir pour ces cas particulièrement graves. Des chercheurs ont découvert que dès les premières minutes après que le foie a été abîmé, un processus s’enclenche pour essayer de réparer l’organe. Au cœur de cette réaction, le glutamate, un acide aminé qui joue un rôle crucial, écrivent les scientifiques dans la revue Nature.

La foie est un organe vital : il est crucial à la digestion, à l’équilibre de notre métabolisme et à l’élimination des toxines dans l’organisme. Lorsqu’il ne fonctionne plus correctement – dans le cadre d’une cirrhose – il fonctionne moins bien, au point qu’une insuffisance hépatique s’installe, que les substances toxiques s’accumulent et qu’un déséquilibre métabolique s’installe. Ces dysfonctionnements graves peuvent entraîner des complications mortelles en l’absence de prise en charge adéquate.

Remplacer les cellules endommagées

On savait déjà que le foie se régénère grâce à ses propres cellules, les hépatocytes, sans comprendre tout à fait le processus. Dès qu’une partie du foie est retirée ou abîmée, les hépatocytes restants commencent déjà à proliférer pour essayer de reconstituer les tissus perdus. « Trente minutes après, ce processus est déjà visible« , explique le Dr Nabil Djouder, à la tête du groupe « Facteurs de croissance, nutriments et cancer » au Centre national de recherche contre le cancer espagnol (CNIO) et auteur de cette étude.

Il ne faut pas imaginer le foie « repousser » de lui-même dans l’organisme. Il s’agit plutôt d’un remplacement progressif des cellules endommagées par des cellules saines. « Ce processus complexe et plutôt rapide permet au foie de guérir après une chirurgie ou une blessure, comme l’hépatectomie (une ablation partielle ou totale du foie, ndlr) », explique le Dr Djouder. Mais chez les patients avec une fibrose très avancée (les tissus cicatrisés ne fonctionnent plus) ou une cirrhose (les lésions empêchent le foie de fonctionner), le foie perd sa capacité à se régénérer. Les hépatocytes ne prolifèrent plus en raison des cicatrices trop importantes, ce qui entraîne de nombreux dysfonctionnements, parfois jusqu’au décès.

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Chez la souris, un foie « neuf » en sept jours

Mais une nouvelle découverte laisse entrevoir un espoir pour ces cas extrêmes. Elle révèle comment le foie se sert de la moelle osseuse et du système immunitaire pour réaliser cette prouesse. Le trait d’union entre tous ces éléments : le glutamate. Après une lésion importante, les cellules du foie produisent du glutamate, l’envoient dans le flux sanguin afin qu’ils atteignent la moelle osseuse. Là, à l’intérieur des os, ils activent des monocytes, des cellules immunitaires. Elles vont ensuite faire le voyage jusqu’au foie et se transformer en macrophages, des cellules immunitaires. Ils sécrètent alors des facteurs de croissance dans l’organe et entraînent la production de nouvelles cellules du foie. Cette réaction en chaîne rapide permet en quelques minutes d’enclencher un processus réparateur.

Pour l’instant, ces travaux ont été menés sur un modèle de souris mais les premiers résultats sont encourageants. Ces dernières ont reçu du glutamate monosodique (MSG) en poudre dans de l’eau. Dans ces modèles expérimentaux, l’organe a réussi à se régénérer entièrement en 7 à 10 jours. Un traitement ni lourd ni coûteux, qui pourrait être transposé à l’humain. « On pourrait par exemple supplémenter les patients en glutamate après une ablation du foie ou lors de cirrhoses« , suggère le Dr Djouder, ou même chez les patients attendant une greffe de foie. « On pourrait l’administrer sous différentes formes, des comprimés, de la poudre ou en intraveineuse selon les besoins thérapeutiques. »

Toutefois, de plus amples travaux devront d’abord montrer les mêmes résultats dur l’humain et permettre de trouver le dosage idéal de glutamate. Administré en excès, il exacerbe les dysfonctions du foie au lieu d’en promouvoir la régénération.

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