Panique dans les elevages d’animaux a fourrure chinois. Visons, rats musques, chiens viverrins, ou tanuki… Ces petits mammiferes sont eleves dans des fermes pour leur fourrure et parfois leur viande ou leurs proprietes medicinales. Dans une nouvelle etude, des chercheurs ont inspecte les tissus de 461 animaux morts de maladie en Chine entre 2021 et 2024, et dont la grande majorite provient d’elevages. Les analyses revelent la presence de virus inconnus, et meme transmissibles a l’Homme. Ces resultats ont ete publies dans la revue Nature.
L’hypothese du coronavirus issu des fermes a fourrure chinoises
Les fermes a fourrure ont deja ete sous le feu des projecteurs, juste apres la pandemie de Covid-19. En 2021, alors que les hypotheses sur l’origine de ce virus continuaient de fleurir, une etude chinoise mettait justement en cause les elevages intensifs de visons, dans la propagation du SARS-Cov-2. Christian Drosten, specialiste allemand du coronavirus, evoquait, lui aussi, la possibilite que le virus soit issu de ces fermes. Dans les colonnes du journal suisse Republik, il pointait du doigt les chiens viverrins et les civettes.
Ces predateurs naturels de chauve-souris auraient en effet pu etre contamines avant d’etre captures et integres aux denses populations de ces elevages. Il ajoutait : « Il s’agit d’une industrie dans laquelle les gens sont en contact etroit avec les animaux, et ou ils peuvent donc etre infectes. »
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125 especes de virus, dont 36 jusqu’alors inconnues
Dans leur nouvelle etude, les scientifiques ont sequence le materiel genetique de tissus pulmonaires et intestinaux de rongeurs et d’autres petits mammiferes. 90% d’entre eux provenaient d’elevages. Resultat : l’equipe a identifie 125 especes de virus, dont 36 etaient jusqu’alors inconnues. Mais plus inquietant encore : 39 de ces virus presentent potentiellement un « risque eleve » de transmission entre especes differentes, dont l’etre humain. « Les visons et chiens viverrins presentaient le plus grand nombre de ces virus a ‘haut risque‘ », precise l’equipe du chercheur Shuo Su. Des virus de grippe aviaire ainsi que differents coronavirus ont ete deceles, mais aucun etroitement lies au SARS-Cov-2.
Edward Holmes, virologue et co-auteur de l’etude, confiait a l’AFP son inquietude concernant un virus decouvert dans les poumons de deux visons d’elevage : le coronavirus de pipistrelle HKU5. Il est proche du coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), qui est potentiellement mortel pour l’Homme.
La densite des populations d’elevages et les conditions sanitaires des fermes inquietent les chercheurs qui craignent que ces etablissements favorisent la transmission des virus et l’exposition des humains. « Fermement convaincu que le commerce d’animaux sauvages est a l’origine de l’emergence du SRAS-CoV-2« , le chercheur a declare a l’AFP que « le commerce de la fourrure pourrait facilement engendrer une autre pandemie virale ». Pour rappel, avant la crise sanitaire, le marche de la fourrure brassait chaque annee pres de 18 milliards d’euros. La Chine en reste le principal producteur.