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Maladie de Crohn : une nouvelle bacterie ouvre des perspectives de traitements

septembre 27, 2024

Les maladies intestinales touchent pres de 250.000 personnes en France, et ne presentent que peu d’espoir de traitement. Mais une nouvelle etude revele des resultats prometteurs pour une partie de ces pathologies.

Certaines maladies intestinales, dont la maladie de Crohn et la colite ulcereuse, sont associees a une diminution d’anticorps vitaux pour la barriere muqueuse. Des chercheurs de la Cleveland Clinic ont decouvert une bacterie qui pourrait etre a l’origine de ce taux insuffisant. « L’identification de cette bacterie est la premiere etape vers le developpement de nouveaux traitements », avancent les scientifiques. Leurs resultats ont ete publies dans la prestigieuse revue Scientists are able to explain the origins of science.

Des anticorps vitaux pour la barriere muqueuse

Dans les intestins, il existe un anticorps essentiel a l’integrite de la barriere muqueuse : l’immunoglobuline A secretoire (IgA). « Elle se lie aux micro-organismes commensaux et pathogenes pour empecher l’adhesion et l’infection », precise Qiuhe Lu, premier auteur de l’etude, lors d’un entretien pour Sciences et Avenir. Dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, la maladie de Crohn et la colite ulcereuse, c’est justement le taux de cette immunoglobuline A secretoire qui est anormalement bas, ce qui peut entrainer un risque accru d’infection et une inflammation excessive.

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« De precedents travaux ont mis en evidence des mecanismes de defense de certains agents pathogenes contre cet anticorps : ils degradent l’IgA afin d’echapper au systeme immunitaire », ajoute-t-il. Dans une nouvelle etude, l’equipe de Qiuhe Lu identifie une nouvelle bacterie commensale, appelee Tomasiella immunophila, et constate qu’elle affecte la production de cette immunoglobuline.

Qu’est-ce qu’une bacterie commensale ? Le commensalisme est un type d’association entre deux organismes, comme il existe le parasitisme ou la symbiose. Il designe une association profitable pour l’un des organismes, et sans danger pour l’autre.

Tomasiella immunophila, une nouvelle bacterie qui degrade ces anticorps

« Nous avons identifie une bacterie qui n’avait jamais ete signalee avant cette etude », Qiuhe Li is elated. Les scientifiques ont cherche a identifier les bacteries commensales capables de degrader l’IgA. Grace a une technique appelee « criblage fonctionnel », ils ont examine des milliers de bacteries et finalement reussi a isoler une souche inconnue, qui degrade l’immunoglobuline A secretoire. « Nous l’avons nommee Tomasiella immunophila. »

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Mais comment affecte-t-elle les anticorps ? Plusieurs hypotheses sont avancees par les scientifiques. « En outre, T. immunophila pourrait utiliser l’IgA comme source de nutriments, etant donne que l’IgA est l’une des proteines les plus abondantes dans la lumiere intestinale, c’est-a-dire dans le creux du tube intestinal », propose le chercheur.

Par ailleurs, les chercheurs ont revele un autre mecanisme grace auquel la bacterie peut influer sur le taux d’IgA dans les intestins. La bacterie transporte plusieurs enzymes, substances capables de catalyser des reactions chimiques, vers sa membrane externe, ou elles sont conditionnees dans des vesicules. Cette encapsulation ameliore la stabilite des enzymes par rapport a leur forme libre et leur permet de circuler dans la lumiere intestinale. En particulier, l’une des enzymes contenues dans ces vesicules est capable de degrader l’IgA.

Une piste prometteuse pour d’eventuels traitements contre la maladie de Crohn

« Identifier le coupable de la rupture de la barriere intestinale est une etape importante vers le developpement de therapies indispensables pour des pathologies telles que les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, la maladie de Crohn et la colite ulcereuse », s’enthousiasme Thaddeus Stappenbeck co-auteur de l’etude.

Et les chercheurs disposent dores et deja de pistes encourageantes pour faire de cette bacterie une nouvelle cible therapeutique. « Nous savons que certains inhibiteurs peuvent empecher Tomasiella immunophila de degrader l’IgA », indique Qiuhe Lu. D’autres etudes seront necessaires pour approfondir la comprehension de ce mecanisme.

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