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Notre corps entre en surchauffe au-delà de 31°C lorsque l’air est saturé en humidité

mars 31, 2025

C’est à 37°C que notre corps fonctionne de façon optimale. Les conséquences d’une hyperthermie prolongée vont des maux de tête jusqu’à la perte de conscience et, au-delà de 41°C, la mort. Malheureusement, notre système de thermorégulation principal, la transpiration, perd de son efficacité dans l’environnement trop chaud et humide que nous promet le changement climatique. Les simulations pointent vers une température limite de 42°C à 51% d’humidité relative, soit 26 à 31°C lorsque l’air est saturé d’humidité, confirme une nouvelle étude publiée dans la revue PNAS.

Dans une chambre du laboratoire de l’université d’Ottawa au Canada, 12 volontaires (75% d’hommes, de 25 à 32 ans) se reposent sur des sièges en tissu respirant. Dans la pièce, il fait 42°C avec 28% d’humidité relative, qui exprime la saturation de l’air en eau – sachant que plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau. « Nous avons ensuite lentement augmenté l’humidité dans la chambre climatique, jusqu’à atteindre environ 51% », explique le premier auteur de ces travaux, l’expert en physiologie thermique Robert Meade. 42°C à 51% d’humidité relative, ce sont les conditions au-delà desquelles la température dans l’œsophage des volontaires commence à augmenter, signe que la thermorégulation du sujet est mise en difficulté. « On considère depuis 50 ans qu’au-delà de ces conditions, il n’est pas possible pour la personne de se thermoréguler, de sorte que la température centrale augmente sans relâche« , explique Robert Meade.

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Chaleur et humidité font augmenter notre température interne

Après neuf heures passées dans des conditions légèrement au-dessus (42°C à 57% d’humidité relative) et en dessous (42°C à 45% d’humidité relative) de ce point d’inflexion, les chercheurs confirment que les heures suivant cette inflexion aboutissent à une augmentation de la température interne. « Il s’agit là de l’un des plus longs enregistrements jamais réalisés des réactions physiologiques de l’humain à des conditions aussi chaudes« , pointe Robert Meade.

Ces travaux confirment formellement les précédentes estimations faites en 2023 et fixant à 26-31°C la température maximale supportable par l’humain lorsque l’air est saturé en humidité (équivalent à 42°C avec une humidité relative entre 28 et 51%). Un résultat frappant quand on sait que la limite préalablement acceptée depuis 2010 était de 35°C à air saturé en humidité, également appelé « wet bulb temperature » ou température du thermomètre mouillé. « Aucune donnée ne permettait jusqu’à présent de savoir si l’inflexion de la température centrale lors d’augmentations progressives de la température ou de l’humidité de l’air correspondait réellement aux limites supérieures de la thermorégulation« , explique Robert Meade. C’est maintenant chose faite. « La méthode utilisée pour estimer la fourchette 26-31°C était la même, la seule différence étant que les participants à l’étude effectuaient une activité physique légère et que les nôtres étaient au repos.« 

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La transpiration devient inefficace

Si l’humidité de l’air est si essentielle à notre régulation thermique, c’est que l’évaporation de la sueur, notre principal moyen de refroidissement, y est très amoindri. « Lorsque la température du thermomètre mouillé est élevée, il est beaucoup plus difficile pour le corps de dissiper la chaleur et de réguler la température corporelle« , ajoute Robert Meade. Alors que le réchauffement climatique commence déjà à repousser les limites de tolérance humaine à la chaleur dans certaines régions du monde, il est urgent d’agir, alerte le chercheur. « À l’heure actuelle, il n’existe que peu de régions de la planète, voire aucune, où les limites critiques du thermomètre mouillé sont dépassées pendant des périodes prolongées« , ajoute Robert Meade. Cela devrait cependant devenir de plus en plus courant, « en particulier dans des régions comme l’Asie du Sud et de l’Est, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient« , énumère-t-il.

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Le réchauffement climatique menace notre capacité à thermoréguler

Reste à affiner ces mesures en fonction des populations concernées. « En fait, la plupart des recherches sur les limites du thermomètre mouillé, si ce n’est toutes, ont été menées dans les pays du Nord. Pour améliorer la précision de nos avertissements à l’avenir, nous devons déterminer si ces limites s’appliquent aux personnes vivant dans des endroits où la chaleur et l’humidité sont déjà élevées« , conclut Robert Meade. 30% de la population mondiale est d’ores et déjà exposée pendant au moins 20 jours par an à cette chaleur humide excessive, d’après une étude de 2017. D’ici à 2100, ce serait presque la moitié de l’humanité qui serait confrontée à ce danger.

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